Dans son numéro de janvier, la revue Prescrire souligne que les comportements de la firme Abbott ont plusieurs fois suscité la réprobation au cours des dernières années. Ce fut le cas en 2003 quand la firme a multiplié par 5 le prix de l'un de ces médicaments, très utilisé dans le traitement contre le sida. Indignation aussi, en mars 2007, quand la firme Abbott a déclaré qu'elle ne commercialiserait plus ses nouveaux médicaments en Thaïlande, en représailles contre le gouvernement de ce pays qui avait décidé d’appliquer une flexibilité légale reconnue internationalement pour ne pas respecter un brevet d'Abbott. Protestations encore, quand la firme Abbott a porté plainte en mai 2007 contre Act Up Paris, menacé de 70 000 euros de dommages et intérêts, pour avoir bloqué quelques heures le site internet de la firme, pour soutenir la cause des malades thaïlandais. Condamnation morale enfin en août 2007, quand il apparut que la firme Abbott avait supprimé des informations défavorables à deux de ses médicaments sur le site internet de l'"encyclopédie libre" Wikipedia.
Mais ces comportements ont laissé la Bourse de marbre. La firme Abbott a été réadmise en 2007 à l'"indice de durabilité Dow Jones" « pour son excellence en matière de rendement économique, environnemental et social ». Ce dernier critère est pourtant censé prendre en compte notamment le comportement de la firme en matière d'accès aux médicaments...
Décidément, la Bourse et les firmes n'ont pas la même échelle de valeurs que les professionnels de santé et les patients. Ces derniers doivent s'en convaincre s'ils veulent mieux défendre leur propre échelle de valeurs.
©Prescrire 1er janvier 2008
LIBRE "Choc de valeurs" Rev Prescrire 2008 ; 28 (291) : 61. Télécharger (pdf, 82 Ko).
