Le médicament et la prescription de médicaments sont installés dans la banalité du quotidien. La prescription est pourtant un acte empreint d'une valeur symbolique très forte qui en soi n'est donc jamais banal.
Cette dimension culturelle n'est pas que le fait des patients d'horizons culturels lointains ou traditionnels : personne n'y échappe vraiment, à commencer par les prescripteurs.
Les intrications culturelles sont complexes et mêlent des influences très diverses liées aux expériences individuelles et collectives, mais elles sont probablement très structurées autour du principe de la double causalité et du sens donné à la maladie.
D'après la théorie d'anthropologie médicale de la double causalité, la maladie peut se représenter comme ayant deux causes : l'une "naturelle", et l'autre "non naturelle". Les causes dites naturelles relèvent d'explications scientifiques, les causes dites non naturelles font appel aux interventions divines, aux ancêtres, au mauvais sort par exemple.
S'il y a une double causalité de la maladie, il y a aussi une double référence thérapeutique qui explique en partie les diverses facettes du médicament. Notamment avec les médicaments dits "destructeurs" qui "détruisent" le mal ou le microbe, et les médicaments dits "constructeurs" qui renforcent le patient.
La dimension symbolique du médicament peut aussi être illustrée autour de plusieurs exemples : couleur des médicaments, effet placebo, automédication, alliance entre le soigné et le soignant, etc.
Dans notre époque de haute technicisation, l'adage exprimé par Corneille dans "Le menteur", « la façon de donner vaut mieux que ce qu'on donne », reste plus que jamais d'actualité.
Ces thèmes et beaucoup d'autres sont abordés dans un dossier spécial de 46 pages, "Médicamentation de la société : l'affaire de tous", publié dans le numéro d'août 2017 de Prescrire.
©Prescrire 1er août 2017
"Médicament et cultures : quand « la façon de donner vaut mieux que ce qu'on donne »..." Rev Prescrire 2017 ; 37 (406) : 604-606. (pdf, réservé aux abonnés)