En conséquence du désastre Mediator° (benfluorex), les firmes pharmaceutiques ont l’obligation depuis mai 2012 de déposer une demande de visa auprès de l’Agence française des produits de santé (ANSM, ex-Afssaps) pour chaque publicité pour un médicament auprès des professionnels de santé. Ce contrôle a priori remplace le contrôle a posteriori, mis en oeuvre depuis la fin des années 1980, dont l’efficacité était réduite puisque les publicités litigieuses étaient sanctionnées après leur diffusion, et sans que les personnes qui les avaient lues ne le sachent, sauf à lire le Journal Officiel, ou la revue Prescrire (seule à signaler ces interdictions).
Une des dernières interdictions de publicité de l’ancien contrôle a posteriori justifie à elle seule le contrôle a priori. Cette publicité pour Strefen° (flurbiprofène) incitait les médecins à prescrire cet anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) chez les femmes enceintes de moins de six mois. Pourtant, cette prescription ne fait l’objet d’aucune indication officielle, bien au contraire : une mise en garde officielle rappelle un risque pour le déroulement de la grossesse et/ou le développement de l’embryon ou du foetus, et précise que les données des études épidémiologiques suggèrent une augmentation du risque de fausse-couche, de malformations cardiaques et digestives, après traitement en début de grossesse.
Compte tenu des abus constatés au fil des années, le renforcement du contrôle de la publicité pour les médicaments auprès des professionnels de santé était une mesure nécessaire.
Toutefois, même encadrée et contrôlée, la publicité a pour vocation l’augmentation des ventes, et non la diffusion d’une information pertinente pour soigner.
Restera aussi à vérifier si l’Agence du médicament a réellement les moyens de contrôler efficacement les quelques 10 000 publicités que les firmes destinent chaque année aux professionnels de santé.
©Prescrire 1er septembre 2012
"Publicité pour les médicaments auprès des professionnels de santé : contrôlée avant diffusion"
Rev Prescrire 2012 ; 32 (347) : 661. (pdf, réservé aux abonnés)