Dans certains cas d’allergie grave (réaction anaphylactique sévère), seule l’administration rapide d’adrénaline permet d’éviter une évolution mortelle. Les auto-injecteurs sont des dispositifs permettant l’administration d’adrénaline par le patient lui-même ou par son entourage, le plus vite possible, avant une prise en charge médicalisée.
La fréquence des injections accidentelles par ces dispositifs est en augmentation. Les effets sont variables : absence de trouble chez 10 % des patients, effets mineurs chez 77 %, effets plus marqués chez 13 % des patients. Près de 75 % des injections involontaires ont été faites dans un doigt. Les effets sont souvent inquiétants et douloureux. Parfois ils détournent l’attention dans un contexte d’urgence vitale, et compromettent le traitement de la personne en choc anaphylactique. Souvent, les symptômes disparaissent sans traitement, ou avec seulement une application de chaleur. Parfois l’évolution est défavorable, entraînant l'amputation d'un doigt, voire un risque vital.
Les dispositifs auto-injecteurs d’adrénaline ne sont pas soumis à évaluation clinique avant mise sur le marché. Les erreurs d’utilisation peuvent être liées à des dysfonctionnements ou à des défauts de conceptions : erreur d’étiquetage ; dispositifs contre-intuitifs ne permettant pas un usage correct réflexe, rapide, adapté à une utilisation en situation de stress. Cependant la principale cause d’erreur est la méconnaissance du fonctionnement des auto-injecteurs par les utilisateurs.
La prévention de ces injections involontaires passe par l’information des patients, de leur entourage et des soignants, la démonstration et l’entraînement à leur manipulation, ainsi que par une meilleure conception de ces dispositifs.
©Prescrire 1er mai 2012
"Injections accidentelles d’adrénaline en auto-injecteur" Rev Prescrire 2012 ; 32 (343) : 353-356. (pdf, réservé aux abonnés)
