Dans son bilan 2010 du médicament, Prescrire déplore le peu d’avancées pour les patients et un nombre trop important de médicaments à éviter.
En 2010, 97 nouveaux médicaments ou indications de médicaments déjà commercialisés ont fait l’objet d’une cotation par Prescrire. Parmi eux, seuls 4 apportent un progrès notable pour les soins. Mais 19 autres sont autorisés en dépit d’une balance bénéfices-risques défavorable.
À défaut de commercialiser des médicaments apportant de réels progrès, les firmes recyclent d’anciennes substances sous forme d’associations à doses fixes ou pour de nouvelles voies d’administration. Chez les enfants, même si certains médicaments sont cotés "éventuellement utiles", leur évaluation est le plus souvent insuffisante et le progrès apporté est modeste.
Les agences du médicament ont pour mission de protéger les patients, mais elles sont trop souvent sous influence des firmes, rendant leurs décisions timorées en termes de retrait du marché. En 2010 encore, seule une très faible proportion de médicaments à balance bénéfices-risques défavorable ont été retirés du marché.
Soignants et usagers du système de santé ont intérêt à s’allier pour obtenir des agences et des autorités qu’elles prennent leurs responsabilités face aux firmes. En attendant, il importe d’éviter les médicaments plus dangereux qu'utiles que les autorités laissent encore sur le marché.
La non-qualité a un coût en termes de santé publique, de santé des patients et pour la collectivité.
©Prescrire 1er février 2011
"L'Année 2010 du médicament : évaluation insuffisante, patients trop exposés" Rev Prescrire 2011 ; 31 (328) : 134-141. (pdf, accès libre)