La colchicine est autorisée notamment dans le traitement de la goutte et de certaines péricardites aiguës, sous forme de comprimés sécables dosés à 1 mg, seule (Colchicine Opocalcium°) ou associée dans Colchimax°. Ses doses efficaces et toxiques sont très proches. Des précautions ont été mises en place par l'Agence française du médicament (ANSM) en 2016. Mais deux enquêtes réalisées depuis ont montré la persistance de surdoses et de décès liés à cette substance en France.
Une étude de toxicologie menée entre 2016 et 2020 a montré que la mise en place du traitement est souvent mal comprise, entraînant des surdoses accidentelles, en augmentation par rapport à la période précédant 2016. L'enquête de pharmacovigilance a recensé 7 morts par surdoses involontaires et mis en évidence des facteurs favorisant : non-respect des doses (moitié des cas), âge, insuffisance rénale, automédication ou interactions avec des médicaments qui ralentissent son élimination (amiodarone (Cordarone° ou autre), inhibiteurs calciques, macrolides).
Plusieurs mesures complémentaires seraient utiles pour mieux protéger les patients, parmi lesquelles : l'arrêt de la commercialisation de la spécialité Colchimax°, qui contient un antidiarrhéique masquant la diarrhée et ce signe d'alerte de surdose ; la réduction du nombre de comprimés par boîte et du dosage unitaire ; la mise à disposition de colchicine en plaquettes unitaires prédécoupées et sécurisées.
Il est plus que temps de sortir de cette inertie dangereuse. La colchicine n'est pas un "bon vieux médicament", c'est un toxique majeur.
Élaboré par la Rédaction
©Prescrire 1er juillet 2023
• Texte complet :
"Colchicine : encore des surdoses et des morts" Rev Prescrire 2023 ; 43 (477) : 512-515. Réservé aux abonnés.