À l'arrivée sur le marché des antiviraux dits d'action directe contre le virus de l'hépatite C au milieu des années 2010, certains acteurs ont annoncé l'éradication de cette maladie. Or le sofosbuvir (Sovaldi°) a été mis sur le marché au prix exorbitant de 1 000 dollars par jour aux États-Unis d'Amérique, la firme recherchant un profit maximal dans les pays les plus riches et non l'éradication de la maladie. Pour échapper aux critiques, la firme Gilead et d'autres firmes produisant ces antiviraux ont proposé des prix plus bas dans les pays les plus pauvres, ou parfois accepté la production de génériques. Dans certains pays, des génériques sont aussi commercialisés sans l'aval des firmes concernées.
71 millions de personnes étaient infectées dans le monde par le virus de l'hépatite C en 2015, et 400 000 en sont mortes cette année-là. En 2016, seulement 1,5 million de personnes ont commencé un traitement contre l'hépatite C. Dans les pays à revenus intermédiaires (Chine, Mexique, Turquie, etc.), où vivent environ 40 % des personnes infectées, l'accès aux médicaments est quasi inexistant en raison de leur prix inabordable.
Dans cette situation très insatisfaisante, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a salué le contre-exemple de l'Égypte qui a adopté une politique déterminée de lutte contre la maladie, et où 1,5 million de personnes ont reçu un traitement entre 2014 et 2017 grâce aux firmes locales de génériques qui proposent les antiviraux beaucoup moins chers que les prix cassés de Gilead et Bristol-Myers.
Comme dans le cas du sida dans les années 2000, ce sont les firmes qui produisent des génériques, y compris en utilisant les flexibilités de la propriété intellectuelle, qui permettent le mieux de lutter contre l'hépatite C dans la plus grande partie du monde.
©Prescrire 1er septembre 2018
"Médicaments de l'hépatite C : casser les prix" Rev Prescrire 2018 ; 38 (419) : 691. (pdf, accès libre)
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