Le nicorandil (Adancor° ou autre), un médicament autorisé dans l'angine de poitrine, cause des ulcérations cutanées et muqueuses chroniques, connues depuis la fin des années 1990.
Un bilan de la base de données française de pharmacovigilance, sur la période 2005 à 2014, a recensé 148 notifications d'ulcérations imputées au nicorandil. 13 % des patients ont eu des complications graves. La moitié des ulcérations sont apparues plus de 2 ans après le début de la prise de nicorandil. Le rôle du nicorandil a été évoqué dans un délai médian de 5 mois après leur apparition pour les lésions muqueuses, et de 14 mois pour les lésions cutanées.
En 2018, les observations de 5 patients hospitalisés ou ayant consulté en dermatologie à l'hôpital de Roubaix entre 2008 et 2014 pour des ulcérations cutanées des membres inférieurs ont été publiées en détail. Les patients ont été hospitalisés après une durée médiane d'évolution des ulcérations de 43 mois. Le rôle du nicorandil dans l'apparition de ces ulcérations cutanées a été évoqué dans un délai médian de 2 mois après l'hospitalisation. Après arrêt du nicorandil, les ulcérations se sont toutes améliorées dans les 2 semaines et ont guéri dans un délai de 4 à 12 semaines. Après un suivi de 6 mois à 7 ans, aucun patient n'a eu de récidive des ulcérations.
Les ulcérations cutanées, comme les ulcérations muqueuses, sont des effets indésirables graves, connus, du nicorandil. Pourtant, quand surviennent des ulcérations cutanées ou muqueuses, le rôle du nicorandil tarde à être reconnu, retardant d'autant la principale mesure à prendre, l'arrêt du nicorandil.
Vu le peu d'efficacité symptomatique du nicorandil en prévention de la crise d'angor d'effort, son retrait du marché tarde trop, lui aussi.
©Prescrire 1er septembre 2018
"Ulcérations cutanées : rôle du nicorandil reconnu tardivement" Rev Prescrire 2018 ; 38 (419) : 671-672. (pdf, réservé aux abonnés)
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