Chez les patients atteints de cancer de la prostate métastasé hormonorésistant, le traitement de première ligne est la castration chirurgicale ou médicamenteuse. En cas d’échec, on ne connaît pas de traitement curatif. À titre palliatif, on fait appel à l’association docétaxel + prednisone qui permet un gain de survie d’environ 2,5 mois, au prix de nombreux effets indésirables, parfois graves, voire l’association mitoxantrone + prednisone sans preuve d’efficacité sur la durée de survie.
En cas d’échec, le cabazitaxel (Jevtana°), proche du docétaxel, est désormais disponible. Son dossier d’évaluation s’appuie sur un seul essai clinique de qualité insuffisante incluant 755 malades traités par corticoïde et soit par mitoxantrone, soit par cabazitaxel. La durée de survie est apparue plus longue d’environ 2,4 mois, mais au prix d’effets indésirables graves fréquents (2 fois plus d’arrêts pour effets indésirables) et parfois mortels.
Un surcroît de décès lié au traitement a été observé chez les patients sous cabazitaxel. Ces décès ont été attribués par les médecins investigateurs de l’essai à des infections, une diminution importante du nombre de globules blancs (neutropénies graves), des insuffisances rénales, des troubles cardiaques, etc. Le cabazitaxel expose, de plus, à un risque élevé d’interactions avec de nombreux médicaments. L’ensemble de ces données ne justifie pas de recourir au cabazitaxel, qui ne devrait être utilisé que dans le cadre d’essais cliniques rigoureux. Mieux vaut se concentrer sur des soins palliatifs de qualité, en cas d’échec thérapeutique.
©Prescrire 1er octobre 2011
"Cabazitaxel (Jevtana°). Trop toxique, pour une efficacité trop incertaine" Rev Prescrire 2011 ; 31 (336) : 731-733. (pdf, réservé aux abonnés)