Mi-avril 2010, plusieurs centaines de médicaments du marché français sont devenus remboursables à 15 % seulement par la Sécurité sociale. Ce taux s’applique en principe aux médicaments dont le service médical rendu (SMR) est jugé "faible" par la Commission de transparence.
La liste des "médicaments à 15 %" présente de nombreuses incohérences et a été officialisée sans aucune explication.
Des médicaments dont la balance bénéfices-risques est défavorable auraient plutôt dû être retirés du marché : piroxicam et floctafénine contre la douleur ; kétoprofène et phénylbutazone en topique dans les rhumatismes ; quinine dans les crampes ; thiocolchicoside en tant que myorelaxant ; certains traitements antiparkinsoniens (pergolide, tolcapone) ; flunarizine dans la migraine ; méprobamate en psychiatrie ; décongestionnants vasoconstricteurs (éphédrine, pseudoéphédrine, naphazoline, oxymétazoline, tuaminoheptane) ; etc.
À l’inverse, certains médicaments à balance bénéfices-risques favorable sont présents à tort dans cette liste car ils devraient être mieux remboursables : antiacides pour les maux d’estomac, cromoglicate nasal dans la rhinite allergique, etc.
Enfin des médicaments dont le SMR n’est pas coté "faible" mais "insuffisant" restent remboursables à 15 % au lieu d’être non remboursables ou retirés du marché : méthocarbamol, tétrazépam, acide ténoïque, de nombreux vasodilatateurs.
Les pouvoirs publics feraient mieux de dérembourser les médicaments sans intérêt thérapeutique démontré et retirer du marché ceux dont la balance bénéfices-risques est défavorable.
©Prescrire 1er juillet 2010
"Médicaments à 15 % : des incohérences dans la liste publiée, sans argumentation" Rev Prescrire 2010 ; 30 (321) : 498-501. (pdf, réservé aux abonnés)