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Aphtose buccale commune

Guérison spontanée en une à deux semaines, traitements décevants

• Une aphtose buccale est une affection caractérisée par la présence d'ulcérations douloureuses de la muqueuse, qui surviennent par poussées récurrentes.

• Existe-t-il des traitements efficaces d'une aphtose buccale, de balance bénéfices-risques favorable ? Pour répondre à cette question nous avons réalisé une synthèse de l'évaluation disponible, en utilisant la méthode habituelle de Prescrire.

• Dans l'aphtose commune, les aphtes, de moins de 10 mm de diamètre, évoluent vers la guérison en 1 à 2 semaines, sans complication. On distingue l'aphtose commune de l'aphtose géante et de l'aphtose miliaire, qui sont des aphtoses sévères, par l'aspect de l'ulcération, la durée et l'intensité des douleurs.

• Les causes de l'aphtose restent inconnues, mais des facteurs immunitaires semblent intervenir : réaction à des aliments, à des médicaments, à certains dentifrices. Des aphtes sont parfois associés à des maladies sous-jacentes (maladies inflammatoires intestinales, maladie cœliaque, infection par le HIV, maladie de Behçet).

• Des ulcérations buccales, liées à certaines affections cutanéomuqueuses, à des cancers, à certaines infections chroniques, etc., sont à ne pas confondre avec des aphtes.

• Le traitement d'une aphtose commune est symptomatique. De nombreux traitements ont été évalués dans un seul essai non confirmé, ou dans des essais aux résultats discordants.

• L'application de corticoïde paraît avoir une certaine efficacité antalgique. L'application d'un anesthésique local tel que la lidocaïne procure une anesthésie muqueuse temporaire connue, mais n'a pas été évaluée dans cette situation.

• L'évaluation de l'amlexanox, proche des antileukotriènes et du cromoglicate, est plus fournie que celle des autres substances. Plusieurs essais convergents chez plus d'un millier de patients ont montré que l'application d'une pâte contenant 5 % d'amlexanox diminue la durée de la douleur des aphtes : environ 80 % de patients se sont trouvés nettement mieux à 6 jours, versus 60 % à 70 % dans les groupes placebo. Quelques effets indésirables locaux ont été signalés chez environ 2 % des patients, dont notamment des œdèmes de la lèvre.

• L'application locale de chlorhexidine durant plusieurs semaines semble diminuer la durée des aphtes récurrents, mais peut-être seulement d'une journée.

• Le thalidomide par voie orale est à réserver aux aphtes sévères, et son utilisation impose des précautions particulières en termes d'information des patients, en raison de ses multiples effets indésirables, et en termes de contraception, en raison de son fort effet tératogène.

• En pratique, les aphtes communs sont bénins et guérissent sans traitement. L'application locale de lidocaïne, ou d'un corticoïde, ou d'amlexanox est une option lorsque la douleur est mal supportée, mais leur efficacité est au mieux modeste.

©Prescrire 15 mai 2010

"Aphtose buccale commune" Rev Prescrire 2010 ; 30 (319) : 365-370. (pdf, accès libre)

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