Dans son numéro de décembre, la revue Prescrire donne des exemples de prix des médicaments déconnectés des réalités.
L'éplérénone (Inspra°) est un nouveau médicament très proche d'un médicament ancien, la spironolactone. La spironolactone a une efficacité démontrée dans l'insuffisance cardiaque chronique. Elle n'a pas été particulièrement étudiée dans l'insuffisance cardiaque qui survient parfois après infarctus, où elle est cependant vraisemblablement efficace. La firme commercialisant l'éplérénone a choisi d'évaluer son nouveau médicament précisément dans cette indication où la spironolactone n'avait pas été évaluée de manière approfondie ; et la firme a choisi de ne pas comparer le nouveau médicament à l'ancien. Malgré ces choix discutables, le nouveau médicament est 9 fois plus cher que l'ancien !
Autre exemple, le prix élevé accordé au départ au trastuzumab, un cytotoxique indiqué en recours dans certains cancers du sein métastasés, pouvait paraître acceptable. Aujourd'hui, les indications du trastuzumab se sont élargies, l'utilisation (hors indication officielle) comme adjuvant est largement pratiquée et tolérée, en dépit des nombreuses questions en suspens. Le nombre de patientes traitées augmente considérablement. Mais le prix ne baisse pas (environ 2 600 euros par mois).
Si les prix accordés correspondaient à des efforts d'évaluation pertinente des médicaments, s'ils étaient réajustés en fonction du nombre de patients traités et de la durée des traitements, l'allocation des moyens financiers collectifs retrouverait un peu de cohérence et d'efficacité en terme de santé publique.
©Prescrire 1er décembre 2005
LIBRE "Le mot de Gaspard : Prix artificiels" Rev Prescrire 2005 ; 25 (267) : 804. Télécharger (pdf, 114 Ko).