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Sportifs : arrêtez la créatine !

La créatine à dose forte n'est pas dénuée de risques, pour peu d'effet sur les performances sportives. La revue Prescrire déconseille son utilisation.

La créatine est un composé naturel de l'organisme présent essentiellement dans les muscles. Elle occupe une place essentielle dans la production d'énergie musculaire. Une moitié des besoins en créatine est habituellement apportée par l'alimentation (viandes et poissons), et l'organisme fabrique lui même l'autre moitié, voire la totalité des besoins si nécessaire (comme chez les végétaliens stricts).
La créatine bénéficie souvent d'une image de produit "naturel" sans danger, qui développe la masse musculaire et les performances physiques, et de nombreux sportifs en consomment (la créatine n'est pas inscrite sur la liste des produits dopants).
La revue Prescrire fait le point dans son numéro de février sur les données scientifiques relatives à la créatine. Selon les différentes études menées dans le monde entier, la créatine aurait un effet très limité, et seulement sur certains aspects des performances sportives, durant les 30 premières secondes d'un effort musculaire intense. Elle n'augmente pas l'endurance et n'améliore pas la récupération après l'effort. Les quelques résultats positifs sont inconstants et ont été enregistrés chez des hommes sportifs d'âge moyen, mais ni chez les femmes ni chez les personnes plus âgées.
La consommation de créatine expose à des effets indésirables : crampes musculaires, troubles digestifs, prise de poids. Des effets indésirables graves ont été décrits chez des personnes consommant de la créatine (problèmes cardiaques, neurologiques et rénaux), sans certitude sur un lien de causalité. Des données animales font évoquer un risque de cancer après administration au long cours.
Surtout, la créatine n'étant pas un médicament et étant interdite en France en alimentation humaine, les consommateurs sont exposés à des risques imprévisibles, en raison du manque de garantie sur la qualité des produits commercialisés sous le nom de "créatine" : ajout d'autres substances, contamination chimique ou biologique, etc.
Pour la revue Prescrire, la balance entre les bénéfices et les risques de la créatine est nettement défavorable : la supplémentation en créatine est à déconseiller.

©Prescrire 1er février 2002

"La créatine" Rev Prescrire 2002 ; 22 (225) : 130-133. Télécharger (pdf, 155 Ko).