Le coût social de l'alcool et du tabac représente le montant (valorisé monétairement selon une méthode classique) des pertes en vies humaines ou en qualité de vie, des pertes de production, des dépenses de santé, diminué des recettes provenant des taxes et du montant des retraites "économisées". Selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, ce coût social serait voisin en France d'environ 120 milliards d'euros par an pour l'alcool, et autant pour le tabac, très supérieur au coût social des drogues illicites (environ 9 milliards).
Les années de vie perdues et les pertes de qualité de vie représentent une part prépondérante de ce coût. En 2010, les années de vies perdues sont de 17 années par personne concernée pour l'alcool (810 000 années au total en France), de 9 pour le tabac (690 000 années au total) et de 18 pour les drogues illicites (43 000 années au total).
Les taxes sur le tabac et l'alcool, et les économies engendrées par les retraites non versées, ne compenseraient pas, selon ces calculs, le coût des soins induits, les taxes couvrant seulement 37 % des coûts des soins liés à l'alcool et 40 % pour le tabac.
Quelles que soient les limites de ce type de calcul, notamment sur la valorisation monétaire de la vie humaine, cette étude a le mérite de montrer que les drogues qui sont le plus combattues par la collectivité ne sont pas forcément les plus coûteuses en vies humaines.
À méditer, notamment par les responsables politiques qui défendent sans relâche le lobby de l'alcool. Les députés et sénateurs qui ont voté massivement un affaiblissement de la loi Evin qui lutte contre l'alcoolisme, avaient sans doute d'autres chiffres en tête que celui des pertes de vies humaines.
©Prescrire 1er janvier 2016
"Alcool : un "coût" humain important" Rev Prescrire 2015 ; 36 (387) : 57. (pdf, accès libre)