En France, l'Institut des données de santé a autorisé Prescrire à étudier des données de remboursement de la Sécurité sociale (sur un échantillon représentatif qui respecte l'anonymat des patients et des prescripteurs) concernant les 3 médicaments anticholinestérasiques largement utilisés dans la maladie d'Alzheimer : le donépézil (Aricept° ou autre), la rivastigmine (Exelon° ou autre), et la galantamine (Reminyl° ou autre).
Sur la période 2003-2011, dans cet échantillon, 4 148 patients âgés de plus de 60 ans ont été exposés à au moins un des 3 médicaments étudiés. 1 820 patients (soit 44 %), ont reçu au moins une fois le même mois la dispensation d'un anticholinestérasique et la dispensation d'au moins un autre médicament connu pour exposer à des bradycardies, ralentissement de la fréquence cardiaque source, notamment chez les patients âgés, de malaises, de syncopes, de chutes, etc.
1 384 de ces 4 148 patients (soit 33 %) ont reçu au moins une fois le même mois la dispensation d'un anticholinestérasique et la dispensation d'un neuroleptique. Ces données sont préoccupantes car chez les patients atteints de démence, les neuroleptiques augmentent la mortalité.
333 de ces 4 148 patients (soit 8 %), ont reçu au moins une fois le même mois la dispensation d'un anticholinestérasique et la dispensation d'un médicament atropinique à visée urinaire. Ces associations sont illogiques et contreproductives, puisque les effets anticholinergiques des atropiniques s'opposent aux effets cholinergiques des anticholinestérasiques.
L'âge au moment du décès est apparu moindre chez les patients prenant le plus longtemps ces médicaments anticholinestérasiques. Ces données sont préoccupantes, car des essais cliniques ayant duré plus de 6 mois ont montré une mortalité supérieure avec ces médicaments.
©Prescrire 1er février 2014
"Maladie d'Alzheimer : trop de patients exposés aux interactions avec les anticholinestérasiques en France" Rev Prescrire 2014 ; 34 (364) : 114. (pdf, réservé aux abonnés)