En 2011, la Commission de la transparence de la Haute autorité de santé a enfin reconnu que les 4 médicaments largement utilisés dans la maladie d'Alzheimer n'apportent pas de progrès pour les patients : le donépézil (Aricept° ou autre), la rivastigmine (Exelon° ou autre), la galantamine (Reminyl° ou autre), et la mémantine (Ebixa° ou autre). Ils exposent à des effets indésirables d'une gravité disproportionnée à leur efficacité minime et passagère.
L'Institut des données de santé a autorisé Prescrire à étudier des données de remboursement de la Sécurité sociale concernant ces médicaments (sur un échantillon représentatif qui respecte l'anonymat des patients et des prescripteurs).
Sur la période 2003-2011, 4 752 patients âgés de plus de 60 ans ont été exposés à au moins un des 4 médicaments étudiés. 19 % ont été exposés au moins une fois à l'association de 2 de ces médicaments. Or ces associations n'ont pas d'intérêt démontré. Seulement 24 % des 4 752 patients ont reçu un traitement de moins de 6 mois. 7 % ont reçu un traitement continu durant 6 mois à 12 mois, 9 % durant 1a n à 2 ans et 15 % durant plus de 2 ans. Environ 45 % ont reçu un traitement intermittent dont la durée cumulée dépassait 6 mois. Or les traitements prolongés n'ont pas d'efficacité démontrée et sont dangereux. Deux essais cliniques, d'une durée de 2 ans, ont en effet montré une mortalité plus élevée sous galantamine que sous placebo. La cause du décès a souvent été cardiovasculaire. Dans un essai à 3 ans, la mortalité est apparue plus élevée avec le donépézil qu'avec le placebo.
Ces données montrent qu'en France les traitements par ces médicaments dépassent 6 mois chez 3 patients traités sur 4 environ, alors qu'ils exposent les patients à des risques injustifiés. Mieux vaut écarter ces médicaments et se concentrer sur des mesures non médicamenteuses.
©Prescrire 1er janvier 2014
"Maladie d'Alzheimer : des patients trop exposés aux anticholinestérasiques et à la mémantine en France" Rev Prescrire 2014 ; 34 (363) : 23. (pdf, réservé aux abonnés)