Quand un nouveau médicament est autorisé, il y a toujours beaucoup d'inconnues concernant ses effets indésirables. Les essais cliniques ne portent que sur une toute petite partie des situations cliniques, les patients inclus ne sont qu'une toute petite partie de la diversité humaine et la durée d'évaluation est souvent très courte. Néanmoins, une part des effets indésirables d'un nouveau médicament est prévisible à partir : de son groupe pharmacologique ; de sa structure chimique ; de son mécanisme d'action supposé ; des données animales ; des observations de l'évaluation clinique initiale.
Ainsi, malgré la nouveauté de ses effets pharmacologiques, les troubles du goût du géfapixant (Lyfnua°) étaient prévisibles de par son mécanisme d'action (lire aussi "géfapixant (Lyfnua°) et toux chronique réfractaire ou d'origine inexpliquée" ). Ils ont d'ailleurs été observés durant les essais. Ils laissent présager des troubles de l'alimentation entraînant déshydratation ou perte de poids, même si de telles conséquences n'ont pas été plus souvent rapportées avec le géfapixant lors de l'évaluation clinique initiale.
Autre exemple, des infections à bactéries encapsulées sont prévisibles avec le danicopan (Voydeya°), vu ses effets immunodépresseurs par inhibition du complément (lire aussi "danicopan (Voydeya°) et hémoglobinurie paroxystique nocturne"). Ces infections sont à prendre en compte, même si elles n'ont pas été rapportées lors de l'évaluation clinique initiale, car ce risque est connu avec les autres médicaments ayant un mécanisme d'action similaire.
Il est utile de prévoir le profil d'effets indésirables des nouveaux médicaments, sans se limiter aux observations des essais cliniques, ni attendre les données de pharmacovigilance après leur commercialisation. Pour éviter les médicaments trop dangereux, pour adapter la surveillance, pour évoquer sans tarder le rôle du médicament quand un trouble survient, etc. En somme, pour mieux soigner.
