Géfapixant (LYFNUA°) et toux chronique réfractaire ou d'origine inexpliquée

La toux est un réflexe physiologique protecteur des voies respiratoires. Elle contribue à éliminer les mucosités et les sources d'agression. La toux est dite chronique quand elle dure plus de 8 semaines. Elle entraîne alors souvent divers troubles ayant des conséquences sur la qualité de vie, notamment : fatigue, anxiété, insomnies, douleurs musculaires et thoraciques, enrouements, incontinences urinaires, épistaxis, reflux gastro-œsophagiens, vomissements, maux de tête. D'autres complications sont plus rares : déchirures musculaires, fractures de côtes, voire syncopes (1à3).

Multiples causes, parfois d'origine inexpliquée

Les affections le plus fréquemment à l'origine d'une toux chronique sont notamment les rhinites et sinusites chroniques (à l'origine d'un écoulement postérieur de sécrétions nasales ou sinusiennes), l'asthme et le reflux gastro-œsophagien (1,2).

D'autres causes fréquentes sont notamment : l'exposition au tabac et plus généralement la pollution de l'air ; les suites d'une infection telle que tuberculose, coqueluche, covid-19, infection à mycoplasme ou à Chlamydophila (ex-Chlamydia) pneumoniae ; la bronchopneumopathie chronique obstructive ; la bronchite à éosinophiles (alias toux atopique) (1,2).

Les cancers bronchiques sont une cause rare de toux chronique (1,2).

Certains médicaments causent ou aggravent une toux, surtout les inhibiteurs de l'enzyme de conversion (1).

Parfois, l'origine n'est pas connue (3).

Éviction de la cause, et mesures autres que médicamenteuses

Le traitement de la toux chronique passe par l'éviction si possible du facteur en cause (arrêt de l'exposition au tabac, à un médicament, etc.) ou le traitement de l'affection à l'origine de la toux (2,3).

En cas de persistance de la toux malgré ces mesures ou quand l'origine n'est pas connue, des mesures autres que médicamenteuses sont parfois utiles, notamment des approches fonctionnelles telles que rééducation orthophonique de la voix et exercices respiratoires de kinésithérapie. Leur évaluation clinique repose sur des données de faible niveau de preuves, mais les risques connus ou prévisibles de ces mesures paraissent modestes. Certains médicaments sont parfois utilisés hors autorisation de mise sur le marché (AMM). Leur évaluation est aussi de faible niveau de preuves et leurs profils d'effets indésirables sont chargés. Par exemple, les opioïdes, la gabapentine et la prégabaline exposent à des dépressions respiratoires, des abus et des dépendances (2à4).

Quelle nouveauté ?

Inhibition de l'influx nerveux à l'origine de la toux via les récepteurs P2X3

Le géfapixant est un antagoniste des récepteurs purinergiques P2X3 et P2X2/3. C'est le premier représentant de ce groupe pharmacologique autorisé dans l'Union européenne (3).

Les récepteurs purinergiques P2X3 et P2X2/3 sont des canaux ioniques sensibles à l'adénosine triphosphate (ATP). Ils sont présents sur les fibres C sensorielles du nerf vague des voies aériennes (lire l'encadré "Les récepteurs de la voie purinergique, en bref"). En présence d'une inflammation, les cellules de la muqueuse respiratoire libèrent de l'ATP. La liaison de l'ATP extracellulaire aux récepteurs P2X3 active les fibres C et déclenche le réflexe de la toux. Ainsi, le blocage des récepteurs P2X3 par le géfapixant vise à réduire la toux (3,5).

Le géfapixant a été autorisé dans l'Union européenne chez les adultes gênés par une toux chronique réfractaire ou d'origine inexpliquée. Aux États-Unis d'Amérique, l'Agence du médicament (FDA) n'a pas octroyé d'AMM, en raison de l'efficacité clinique considérée comme insuffisante du géfapixant (3,4,6).

Le géfapixant réduit-il la gêne ou les complications liées à une toux chronique ? Réduit-il la fréquence de la toux ? Y met-il un terme ? Au prix de quels effets indésirables ?

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