Pour déterminer l'intérêt éventuel d'un médicament pour un patient dans une situation clinique donnée, les deux plateaux de la balance bénéfices-risques comptent : l'efficacité d'un côté, les effets indésirables de l'autre. Or, les effets bénéfiques et délétères ne se manifestent pas nécessairement dans le même temps. Et il est souvent tentant de ne prendre en compte que les bénéfices à court terme, en négligeant les risques, surtout ceux qui pourraient arriver à plus longue échéance.
Dans ce numéro, les données d'évaluation de deux inhibiteurs de Janus kinases illustrent ce biais : l'upadacitinib (Rinvoq°) et l'abrocitinib (Cibinqo°), autorisés dans l'eczéma atopique (lire aussi "upadacitinib (Rinvoq°) et eczéma atopique" et "abrocitinib (Cibinqo°) et eczéma atopique"). Selon des essais cliniques,après quelques semaines de traitement, ces médicaments semblent atténuer un peu plus souvent les symptômes que le dupilumab (Dupixent°, un autre immunodépresseur), au prix d'un peu plus d'acnés et de folliculites, par exemple. Mais dans diverses situations cliniques, des données obtenues après la commercialisation d'inhibiteurs de Janus kinases ont montré un surcroît de risques de troubles cardiovasculaires et thromboemboliques, de cancers, d'infections graves et de morts par rapport à d'autres immunodépresseurs (lire aussi "tofacitinib (Xeljanz°) et arthrite juvénile idiopathique").
Malgré une efficacité symptomatique à court terme, l'intérêt des inhibiteurs de Janus kinases par rapport à d'autres immunodépresseurs est ainsi plombé par le surcroît de risques auxquels ils exposent, notamment à long terme.
Il est plus confortable de voir le positif à court terme et le soulagement que d'éventuelles suites fâcheuses. Dans la communication avec les patients, réussir à ne pas dissocier les effets à court terme de ceux à long terme est un exercice utile à des soins de qualité.