Le statut de complément alimentaire ne permet pas de garantir de manière fiable la composition des produits, et par conséquent protège mal les consommateurs. Plusieurs exemples de compléments alimentaires contaminés ou contenant des substances interdites en France ont été signalés. La possibilité de se procurer des compléments alimentaires par internet permet de passer outre la règlementation française sur les substances autorisées dans la composition de ces produits.
Une vigilance particulière est de mise quand le positionnement du complément alimentaire entretient la confusion avec des traitements médicamenteux : nom faisant référence à celui des spécialités médicamenteuses existantes, publicité ambiguë, etc. C'est le cas de Nathyroïd°, complément alimentaire à base de plantes, de sels minéraux et de L-tyrosine, disponible en France depuis septembre 2020, et promu chez les adultes souffrant de troubles « liés à un fonctionnement au ralenti de la thyroïde ». Alors qu'il n'est « pas destiné à remplacer un traitement par hormone thyroïdienne »… la L-tyrosine étant un banal acide aminé non essentiel, à ne pas confondre avec la lévothyroxine (Lévothyrox° ou autre). Dans un contexte de méfiance vis-à-vis des médicaments à base de lévothyroxine, les patients hypothyroïdiens ont besoin d'une information claire sur la composition des produits promus comme alternative ou complément à leur traitement, ainsi que sur les risques de déséquilibre de leur traitement d'une hypothyroïdie.
Mieux vaut que le public soit averti que les compléments alimentaires peuvent être à l'origine d'effets nocifs, d'autant que les garanties quant à leur contenu et leur qualité ne sont pas du niveau de celles apportées par l'encadrement des médicaments, qui sont sujets notamment à une autorisation de mise sur le marché (AMM).
©Prescrire 1er décembre 2020
• Texte complet :
"Nathyroïd° à base de L-tyrosine : une embrouille !" Rev Prescrire 2020 ; 40 (446) : 898-899. Réservé aux abonnés.