En 2020, l'alcool reste une des premières causes de mortalité évitable en France. Pourtant, peu est fait par les responsables politiques pour lutter contre sa consommation excessive.
Comme s'ils donnaient plus d'importance aux résultats économiques immédiats qu'aux conséquences sanitaires.
Selon une enquête réalisée en 2017 en France auprès d'environ 10 500 jeunes âgés de 17 ans, les trois quarts se souvenaient du type d'alcool de la dernière publicité vue ou entendue. Un quart de ces jeunes se souvenaient de la boisson promue, et un quart avaient ressenti l'envie de la consommer. Commentant ces résultats, l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies a regretté que la publicité pour les boissons alcoolisées ait été assouplie en 2016 sous la pression d'intérêts économiques.
Un rapport sur la santé en France établi par plusieurs institutions internationales a noté que la consommation d'alcool a diminué en France de 2000 à 2012, mais qu'elle s'est stabilisée depuis 2013 et demeure supérieure de presque 20 % à la moyenne de l'Union européenne.
Le principal organisme français de santé publique, Santé publique France, avait planifié la mise en œuvre d'une campagne couronnée de succès dans d'autres pays pour limiter la consommation d'alcool durant un mois : le "Dry January". Mais le président de la République a décidé qu'il n'y aurait pas de "Janvier sans alcool" en France, décision annoncée à la presse par… les vignerons qu'il venait de rencontrer.
En France, manifestement, moins consommer d'alcool pose un problème aux responsables politiques, qui acceptent que cet aspect crucial de la santé publique soit aux mains du lobby de l'alcool.
©Prescrire 1er mai 2020
• Texte complet :
"Alcool : aveuglement sans modération" Rev Prescrire 2020 ; 40 (439) : 378. Accès libre.