Les registres d'essais cliniques et la mise à disposition des résultats des essais menés sont des éléments essentiels de la transparence de la recherche clinique, transparence nécessaire pour que les connaissances scientifiques ne soient pas faussées par la rétention de données. Plusieurs initiatives internationales recommandent depuis le début des années 2000 l'enregistrement des essais cliniques avant leur démarrage, avec la description du protocole qui sera utilisé, puis la publication de leurs résultats, et l'accès aux données de base.
Une étude a montré que sur les 18 premiers organismes publics ou fondations privées du monde finançant des essais cliniques, seuls 9 exigeaient en 2017 que tous les essais cliniques soient enregistrés, 8 qu'au moins un résumé des résultats soit publié, dont 4 dans le délai imparti de 12 mois, et seuls 2 exigeaient un accès aux données individuelles. Les organismes les plus transparents étaient étatsuniens, britanniques, canadien, allemands, ainsi que la Commission européenne. L'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) finissent au dernier rang, avec le Ministère de la santé chinois.
Les insuffisances des organismes français ne s'arrêtent pas là. Le CNRS a ainsi publié en avril 2018 un communiqué de presse triomphant pour saluer les résultats d'un essai clinique du forigérimod (Lupuzor°) dans le lupus. Paradoxalement, le même jour, l'action de la firme qui exploite les droits de ce médicament développé par le CNRS, a chuté de 77 %. En effet, les analystes boursiers ne s'y sont pas trompés, les résultats n'étaient pas statistiquement significatifs, "détail" ayant apparemment échappé au CNRS.
Ces faits montrent que l'Inserm et le CNRS ne sont pas à la hauteur en termes de transparence sur la recherche clinique, alors qu'ils devraient être exemplaires en tant qu'organismes financés sur fonds publics.
©Prescrire 1er novembre 2018
"Recherche publique française : trop d'opacité !" Rev Prescrire 2018 ; 38 (421) : 855. (pdf, accès libre)
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