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Nanotechnologies : évaluer le risque et protéger sans attendre

État des lieux en avril 2010 en termes d'évaluation des risques pour l'environnement et la santé. Réactions suscitées par le développement rapide des nanotechnologies. Mesures et précautions recommandées par certains organismes et aspects réglementaires.

• Les nano-objets sont des matériaux qui se déclinent en nanofilms, nanotubes ou nanoparticules selon qu'une, deux ou trois de leurs dimensions sont comprises entre 1 nm et 100 nm.

• La diffusion des nanoparticules et leur concentration dans les différents compartiments de l'environnement (air, eau, sol) sont peu ou pas connues.

Les expositions potentielles aux nanoparticules, tout au long de leur cycle de "vie", concernent les travailleurs, qui produisent, transforment ou utilisent des nanomatériaux, mais aussi la population générale. En 2010, les données disponibles ne permettent pas d'évaluer l'exposition de la population, notamment en France.

• La toxicité des nanoparticules vis-à-vis des espèces animales, végétales et des êtres humains est beaucoup trop peu connue.

• En raison des nombreux paramètres à prendre en compte pour évaluer les effets des nanoparticules sur les organismes vivants (surface, composition chimique, forme, etc.), chaque type de nanoparticule pourrait avoir sa propre toxicité.

• Les études chez l'Animal montrent que les nanoparticules sont susceptibles de pénétrer dans l'organisme en traversant les barrières alvéolo-capillaire pulmonaire et intestinale. D'autres voies de passage sont discutées : transcutanée, vers le système nerveux central, à travers les barrières hémato-encéphalique et placentaire.

• Ces études mettent en évidence une accumulation possible au niveau de différents organes, ainsi que des effets toxiques de certaines nanoparticules sur des organes comme les poumons, le cœur, les reins, etc.

• Des travaux récents sur des souris semblent montrer, pour certains nanotubes de carbone, des lésions similaires à celles provoquées par l'amiante.

• Dans l'espèce humaine, les résultats d'études sur les effets sanitaires de particules ultrafines issues de la pollution atmosphérique, de même taille que les nanoparticules, montrent des effets sur les systèmes cardiovasculaire et respiratoire.

Les connexions possibles des nanotechnologies avec les biotechnologies, les sciences de l'information et les sciences cognitives (alias "convergence" NBIC pour nano-bio-info-cogno) provoquent un débat sur leurs conséquences éthiques. 

• En 2008, l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail a recommandé, dans un avis relatif aux nanomatériaux et à la sécurité au travail, de déclarer les nanoparticules comme de « niveau de danger inconnu » et de les « manipuler avec la même prudence que les matières dangereuses ».

• Divers organismes ont demandé l'application du principe de précaution et ont formulé des recommandations afin de progresser dans l'évaluation des risques liés à l'exposition aux nanoparticules, et de protéger la santé des populations exposées, en premier lieu des travailleurs.

• La politique à mener en matière de régulation des nanotechnologies fait débat : doit-on réviser les encadrements juridiques existants en fonction des spécificités des nanomatériaux et nanoparticules, ou adopter un cadre juridique spécifique ?

• Dans l'Union européenne, l'application effective de textes existants qui ne prennent pas en compte les spécificités des nanoparticules (notamment le règlement européen Reach) pourrait s'avérer insuffisante pour évaluer les risques sanitaires et environnementaux, et prendre les mesures ad hoc.

• Le Parlement européen a réclamé en 2009 une révision de « toute la législation en la matière d'ici deux ans afin de garantir la sécurité de toutes les applications de nanomatériaux (…) ».

• Certaines législations, notamment dans l'Union européenne, commencent à intégrer la problématique nano (par exemple les règlements européens sur les additifs alimentaires et les cosmétiques, la loi française de programmation dite Grenelle 1).

©Prescrire 15 avril 2010

"Nanotechnologies. Deuxième partie : évaluer les risques et protéger sans attendre" Rev Prescrire 2010 ; 30 (318) : 294-300 (pdf, réservé aux abonnés)

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Pour en savoir plus :
 
Nanotechnologies.
Première partie : les enjeux
et les sources d'exposition de
la population aux nanoparticules
Rev Prescrire 2009 ;
29 (314) : 942-945.
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