Les pouvoirs publics ont de plus en plus de difficulté à contrôler le prix des nouveaux médicaments mis sur le marché français. Pour les médicaments considérés comme "innovants", ils avouent même leur impuissance face aux firmes. La logique économique voudrait que les firmes acceptent un prix français inférieur aux moyennes internationales, compte tenu du poids du marché français. Mais elles craignent que d'autres pays tirent parti du prix français pour négocier à leur tour des réductions. Au total, avec un volume exceptionnel de consommation en volume et des prix élevés des médicaments, la facture pharmaceutique française s'envole.
La revue Prescrire explique dans son numéro de décembre que les pouvoirs publics ont mis en place un système discret mais d'efficacité réduite pour tenter de limiter quand même les dépenses pharmaceutiques remboursées. Au delà d'un certain taux de croissance de ces dépenses, les firmes doivent reverser une partie de leur chiffre d'affaires à la Sécurité sociale (183 millions d'euros pour l'année 2001 par exemple).
Le taux de croissance déclenchant les taxes, 3 % pour 2001 et 2002, a été porté à 4 % pour 2003. Les firmes pharmaceutiques contestent cette taxe et revendiquent un taux de croissance sans taxe d'au moins 7 %. Elles ont obtenu que pour les médicaments considérés comme les plus "innovants", la Sécurité sociale procède au remboursement sur la base d'un prix fixé par la firme, en attendant le résultat de la négociation des prix avec le Comité économique des produits de santé. Un premier pas vers la liberté du prix des médicaments que les firmes pharmaceutiques réclament pour la France, comme elles l'ont obtenu aux États-Unis notamment.
©Prescrire 1er décembre 2002
"Prix des médicaments remboursables : quelle logique ?" Rev Prescrire 2002 ; 22 (234) : 855-859. Télécharger (pdf, 266 Ko).