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Thème : Progrès thérapeutique

Un progrès thérapeutique se mesure pour les patients en termes d'efficacité, de moindres effets indésirables, ou de meilleurs modalités d'administration, en comparaison aux traitements déjà existants.

Médicaments essentiels : un concept toujours d'actualité

Célébré par les uns, vilipendé par les autres dès sa publication par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en 1977, le concept de médicaments essentiels a résisté à l'épreuve du temps. Au cours des dernières décennies, l'histoire des médicaments essentiels s'est écrite dans un grand nombre de pays, sur tous les continents.

Médicaments essentiels

Loin d'être une idée simpliste applicable aux seuls pays démunis, le concept de médicaments essentiels trouve sa place non seulement dans la gestion collective de la santé, mais aussi dans l'exercice individuel de la médecine et de la pharmacie, et en toutes situations.

Un concept matérialisé par une liste de médicaments essentiels de référence
Le concept de base des médicaments essentiels fait appel à un constat simple : un nombre limité de médicaments, efficaces et sûrs, de bonne qualité et à prix raisonnables, permet de répondre aux besoins de santé prioritaires du plus grand nombre. Ce fut cette stratégie que le Directeur général de l'OMS a proposé à l'Assemblée mondiale de la santé de 1975, en vue de résoudre les problèmes posés par les médicaments dans les pays démunis.

Des précurseurs avaient déjà cherché à rationaliser la pléthore de médicaments qui envahissaient les marchés, notamment en Égypte dès les années 1950, au Sri Lanka en 1960, ou au Mozambique en 1975. L'expérience acquise dans ces pays a contribué à la définition du concept de médicaments essentiels, matérialisé dans la publication par l'OMS en 1977 d'une "liste modèle" de médicaments essentiels.

Une liste adaptée, recouvrant les besoins prioritaires. La sélection de la liste avait été confiée à un Comité d'experts, universitaires ou praticiens de la médecine et de la pharmacie, de tous les continents. Le Comité considérait cette liste comme indicative, « une tentative provisoire en vue de dégager un "tronc commun" de besoins fondamentaux ayant une portée et une applicabilité universelles. […] Toutefois, la notion de "liste de médicaments essentiels" doit tenir compte de la diversité des situations locales, si l'on veut qu'elle puisse répondre aux besoins sanitaires réels du plus grand nombre » (...).

Leçons pour le présent et l'avenir, et dans tous les pays
Le concept de médicaments essentiels a « également une valeur inestimable pour les pays industrialisés, où l'accroissement du coût des médicaments représente une charge de plus en plus considérable » : cette déclaration faite par le Directeur de l'OMS en 1977 avait scandalisé la Fédération internationale de l'industrie du médicament. Aujourd'hui, à l'heure des médicaments génériques et de la régulation des dépenses pharmaceutiques, cette affirmation est partout admise. L'histoire des médicaments essentiels dans les pays démunis est devenue une source d'enseignements utiles pour tous les pays (...).

"Usage rationnel", un mode de pensée à acquérir. Des prescriptions irrationnelles ont été mises en évidence par de nombreuses études réalisées dans des pays industrialisés et dans des pays démunis. Il est certain qu'il est difficile de modifier des habitudes de prescription médicale ou de conseil officinal, acquises de longue date. Il faudrait donc « immuniser les étudiants contre les influences qu'ils vont probablement rencontrer dans leur vie professionnelle, telles que la pression du patient, la promotion des médicaments et la prescription irrationnelle de leurs pairs », ce que ne fait pas l'enseignement classique (...).

Le critère de besoin thérapeutique. Selon les recommandations de l'OMS publiées en 1977, les nouveaux médicaments ne sont à inclure dans la liste « que s'ils présentent un net avantage par rapport aux substances sélectionnées antérieurement » (...).

Actuellement, le critère de besoin thérapeutique n'est guère pris en compte pour les autorisations de mise sur le marché, accordées par les agences française, européenne et américaine du médicament (...).

Il reste encore du chemin à parcourir pour que l'usage rationnel des médicaments soit l'objectif principal des politiques pharmaceutiques, au Nord comme au Sud.

©Prescrire 2012

Rev Prescrire 2012 ; 32 (345) : 484-486.

Tiré de : Rev Prescrire 2001 ; 21 (215) : 226-229.

 
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