Rougeole : hausse du nombre de cas en Europe, surtout chez des personnes non vaccinées
Après une quasi-absence de cas lors des périodes de confinement liées à la pandémie de covid-19, la rougeole est réapparue en France et ailleurs en Europe.
En France, Santé publique France a enregistré 117 cas en 2023 et 483 cas en 2024. Au cours du premier trimestre 2025, 427 cas ont été enregistrés, avec 144 personnes hospitalisées, dont 9 en réanimation (1,2). À titre de comparaison, en France, sur la période 2017-2019 qui a précédé la pandémie de covid-19, on comptait environ 2 000 cas de rougeole en moyenne par an.
L'augmentation des cas de rougeole est constatée globalement dans toute l'Union européenne (3). Selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), entre avril 2024 et mars 2025, le nombre de cas par million d'habitants a été de 10 en France, 46 en Belgique, et de 1 135 en Roumanie, soit une incidence exceptionnellement élevée (4).
Surtout chez des personnes non vaccinées. Dans l'Union européenne, 86 % des cas concernaient des personnes non vaccinées contre la rougeole, et 9 % des personnes n'ayant reçu qu'une seule dose de vaccin. Il s’agissait surtout de jeunes enfants et d’adolescents (4). Aux États-Unis d'Amérique, au cours du premier semestre 2025, le Centers for disease control and prevention (CDC) a enregistré 1 088 cas de rougeole, avec 133 personnes hospitalisés, et 3 morts (5). Seulement 3 % des patients atteints de rougeole avaient reçu 2 doses de vaccin.
Une virose très contagieuse et parfois grave. La rougeole est une virose respiratoire fébrile avec une éruption cutanée caractéristique. Elle est très contagieuse, pendant une période qui s’étend de 4 jours avant à 4 jours après le début de l’éruption cutanée. Le virus rougeoleux est exclusivement humain. Les complications de la rougeole sont fréquentes, parfois graves, notamment chez les nourrissons âgés de moins de 1 an et chez les adultes les plus âgés. On ne connaît pas de traitement antiviral pour cette maladie (6).
Un vaccin très efficace. Dans le monde, la vaccination généralisée contre la rougeole a permis une forte diminution de la fréquence de la maladie et de la mortalité qui y est liée. La vaccination contre la rougeole repose sur l'injection d'un virus atténué, ce qui conduit à l'écarter pendant la grossesse et chez les personnes ayant une immunodépression sévère. Une dose de vaccin réduit de plus de 90 % le risque de rougeole, de façon durable. Un schéma vaccinal à 2 doses vise à protéger efficacement la quasi-totalité des personnes vaccinées (6).
Une balance bénéfices-risques largement favorable. Le vaccin contre la rougeole est disponible uniquement en association avec le vaccin contre les oreillons et la rubéole. Les effets indésirables de ces vaccins trivalents, dits ROR, sont généralement bénins. Des réactions allergiques, des thrombopénies auto-immunes et des surdités ont été rapportées, de façon exceptionnelle (6). Les résultats de nombreuses études pharmaco-épidémiologiques reposant sur un grand nombre d'enfants n'ont pas montré de lien entre le vaccin rougeoleux et la survenue de troubles neurologiques ou autistiques, d'un asthme ou d'une maladie inflammatoire chronique de l'intestin (6,7). Les auteurs de deux études ayant prétendu le contraire ont utilisé des données inexactes ou appliqué des méthodes d'analyse non valides (8).
Au moins deux doses de vaccin ROR. En France, la vaccination des nourrissons contre la rougeole est obligatoire depuis 2018. Le schéma vaccinal préconisé comporte une première dose à l’âge de 12 mois et une seconde dose entre les âges de 16 et 18 mois. Chez les nourrissons qui ont reçu une première dose avant l’âge de 12 mois, la vaccination contre la rougeole est à compléter à partir de l’âge de 12 mois avec 2 doses additionnelles selon le schéma usuel, car l’immunogénicité du vaccin n’est pas suffisante chez les nourrissons âgés de moins de 12 mois (6).
Pour toutes les personnes nées après 1980, un rattrapage vaccinal est préconisé afin qu’elles aient reçu, au total, 2 doses de vaccin ROR quels que soient leurs antécédents concernant ces trois maladies. Pour les personnes nées avant 1980, non vaccinées et sans antécédent connu de rougeole ou de rubéole, il est préconisé d’administrer, sans test sérologique préalable, une dose de vaccin ROR à celles qui travaillent au contact des enfants et aux professionnels de santé (6).
Personnes non immunisées : une dose de vaccin ROR dans les 72 heures suivant l'exposition. Chez les personnes non immunisées (c'est-à-dire non vaccinées et n'ayant jamais eu la rougeole), en cas de contact rapproché avec une personne atteinte de rougeole ou lors d’une épidémie dans une collectivité, l’injection d’une dose de vaccin ROR dans les 72 heures diminue d’environ 75 % le risque de rougeole. Dans cette situation particulière, la vaccination est justifiée à partir de l’âge de 6 mois (6).
Chez les personnes non immunisées et à risque de forme grave, la perfusion intraveineuse d’immunoglobulines humaines polyvalentes (Gamunex°) dans les 6 jours suivant le contact avec une personne atteinte de rougeole diminue le risque de survenue de la maladie, mais au prix d’effets indésirables graves : réactions lors de la perfusion, réactions d’hypersensibilité (dont des anaphylaxies), méningites aseptiques, thromboses, insuffisances rénales aiguës, anémies hémolytiques (9).
En pratique. La vaccination contre la rougeole est efficace, avec une balance bénéfices-risques largement favorable au niveau individuel. En outre, au niveau collectif, une interruption de la circulation du virus de la rougeole n'est possible que si au moins 95 % de la population est vaccinée ou immunisée (6).
En support de communication entre les professionnels de santé et les patients, la fiche Infos-Patients Prescrire "Vaccination contre la rougeole, les oreillons et la rubéole" est disponible (ICI), prête à être reproduite, adaptée et commentée.