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La réhabilitation psychosociale : un vaste sujet

Selon l'auteur, cette démarche mise en avant dans les plans territoriaux de santé mentale à partir de 2020 est « une boîte à outils géante, créée dans le but de lever les obstacles qui se mettraient entre les usagers et leurs attentes ou projets de vie » (1,2). Certains de ses principes, et notamment le rétablissement, ont été présentés dans Prescrire (3). La réhabilitation psychosociale s'appuie sur l'idée que les personnes souffrant de troubles psychiques sont d'autant plus susceptibles d'évoluer favorablement qu'elles reçoivent les outils nécessaires pour y parvenir, et qu'on utilise leurs projets et souhaits comme des leviers. Cette démarche vise à prendre en compte la situation clinique de chaque patient, les possibilités de renforcer son autonomie ainsi que ses capacités cognitives et relationnelles ; sans oublier le logement, la gestion du budget, et le choix d'activités y compris professionnelles (2).

Des centres de ressources de réhabilitation psychosociale ont été créés en France pour faciliter l'élaboration et la coordination des parcours proposés aux patients concernés. L'ensemble des ressources disponibles est cartographié, qu'elles fassent partie de l'offre de soins classiques ou complémentaires (2). Plusieurs diplômes d'université existent pour se former à la réhabilitation psychosociale et l'intégrer dans la pratique soignante.

Changer certaines attitudes de soignants envers les patients

En introduction, l'auteur rappelle les nombreux textes théoriques décrivant les outils de la réhabilitation psychosociale (1). Mais la connaissance et l'appropriation de ces outils ne suffisent pas, cela nécessite aussi de porter un regard positif sur les possibilités de changement du patient. Des études de psychologie sociale montrent combien le regard plus ou moins confiant de celui qui accompagne conditionne les résultats obtenus (4).

L'auteur présente un lexique « vulgarisé » qui permet au lecteur de s'approprier les principales notions de la réhabilitation psychosociale, notamment celles de : coordonnateur de parcours, empowerment, job coach, médiateur de santé pair, remédiation cognitive, réseau (1,5). Ces concepts plantent le décor. Suivent six chapitres où sont abordés :

• les questions que l'on peut se poser sur le rétablissement et la réhabilitation psychosociale ;

• l'importance de prendre en compte les différentes facettes de l'identité du patient que l'on accompagne ;

• les mécanismes à mettre en œuvre pour se comprendre entre soignants, patients et aidants ;

• la nécessité de laisser des portes ouvertes relatives aux envies et projets qui peuvent émaner du patient et de son environnement ;

• le danger d'être trop accommodant dans l'accompagnement en déresponsabilisant le patient ;

• les facteurs qui font que la réhabilitation peine à se développer.

Approfondir le dialogue soignant-patient-aidant

Le livre, écrit sur un ton enjoué et non donneur de leçons, met en scène diverses situations de la vie courante avec un personnage fictif, Théo, âgé de 23 ans, qui a reçu un diagnostic de schizophrénie. À travers ces situations où apparaissent des discordances de perceptions entre le patient, le soignant et l'aidant, on réalise à quel point la connaissance de la maladie de la part du patient et de son entourage, et la capacité à comprendre la dynamique de chacun des trois protagonistes sont déterminantes. D'où le rôle particulier du coordonnateur de parcours. Celui-ci garantit la collaboration avec le patient, et veille à ce que tous les intervenants œuvrent dans la même direction (1).

Le danger de l'accommodation

L'auteur souligne que les soignants et l'entourage mettent souvent en place des mécanismes d'accommodation consistant à pallier les difficultés du patient. Cela a parfois l'inconvénient d'entraîner chez lui une perte de confiance dans ses compétences et de l'éloigner d'une démarche d'autonomie. L'auteur encourage à ne pas se précipiter sur les dispositifs d'aide sans avoir au préalable discuté des objectifs recherchés avec le patient, voire ses proches. Et cela, au regard de l'ensemble des options disponibles (1). En d'autres termes, la mise sous cloche, la chronicisation, la stigmatisation, les accommodements qui déresponsabilisent le patient, sont des écueils que la réhabilitation psychosociale tente d'éviter.

Ce livre court et pragmatique, de lecture facile et didactique, est basé en grande partie sur l'expérience de l'auteur. Il sera utile à tous les soignants qui accompagnent des personnes ayant affaire à la psychiatrie, quels que soient la nature de l'affection et le niveau de gravité des troubles.