Depuis plus de 40 ans, Prescrire réalise des analyses critiques de l'évaluation des nouveaux médicaments et examine s'ils apportent ou non un progrès concret par rapport à ce qui existe déjà. Pour chaque nouveauté se pose alors la question suivante : est-ce plus efficace, moins dangereux ou plus pratique que le traitement de référence connu ? Souvent, l'analyse des données d'évaluation amène à conclure à une absence de preuve de progrès, traduite par la cotation "N'apporte rien de nouveau".
Par exemple ce mois-ci, l'évaluation clinique de la délafloxacine (Quofenix°), autorisée dans certaines infections, ne démontre pas que cette nouvelle fluoroquinolone ait une efficacité clinique supérieure à celle des autres quinolones, ni que son profil d'effets indésirables soit moins chargé (lire aussi "délafloxacine (Quofenix°) dans certaines infections cutanées et certaines pneumonies
"). C'est aussi le cas du pérampanel (Fycompa°) dans certaines épilepsies chez les enfants, dont l'évaluation clinique est maigre et non comparative (lire aussi "pérampanel (Fycompa°) et épilepsie partielle ou généralisée chez certains enfants"). Il n'y a pas d'argument solide justifiant leur utilisation. Quand un traitement est décidé avec un patient, choisir un médicament de référence, éprouvé dans la situation clinique du patient et aux effets indésirables connus, reste le meilleur choix. Pour autant, une nouveauté qui n'apporte rien de nouveau n'est pas toujours à écarter des soins, à partir du moment où choisir ce médicament n'entraîne ni régression thérapeutique ni danger disproportionné. Notamment, chez un patient qui reçoit déjà un tel médicament, et semble en tirer un bénéfice clinique sans effets indésirables particulièrement gênants, poursuivre ce médicament peut être un choix plus raisonnable que de vouloir absolument modifier son traitement.
L'analyse critique des données d'évaluation est primordiale pour faire le tri parmi les nouveautés, réelles ou prétendues. Mais prendre en compte chaque situation au cas par cas, avec pragmatisme, c'est aussi rendre service au patient.