Chaque année, Prescrire actualise son bilan des médicaments à écarter des soins pour mieux soigner. Voici les principales évolutions entre le bilan 2025 et le bilan 2026.
Quatre médicaments ajoutés au bilan des médicaments à écarter : l'andexanet alfa, la chondroïtine, le fézolinétant et le géfapixant
Ces quatre médicaments ont été ajoutés à ce bilan, car ils exposent à des effets indésirables disproportionnés au regard d'une absence de démonstration d'efficacité clinique, d'une efficacité incertaine ou trop modeste par rapport à un placebo.
L'andexanet alfa (Ondexxya° - non commercialisé en France), un antidote des anticoagulants inhibiteurs directs du facteur Xa (alias xabans) autorisé dans les hémorragies graves sous xaban, expose à des accidents thromboemboliques graves par rapport à des soins usuels (n° 496 p. 98-99).
La chondroïtine (Chondrosulf° ou autre), un acide mucopolysaccharidique proposé dans des arthroses sans preuve d'efficacité clinique, expose à des effets indésirables parfois graves, dont des réactions d'hypersensibilité (érythèmes, urticaires, œdèmes de Quincke) (n° 496 p. 96-97, Interactions Médicamenteuses Prescrire).
Le fézolinétant (Veoza°), un médicament visant à bloquer les récepteurs NK3 (pour neurokinine 3) impliqués dans des mécanismes de thermorégulation et autorisé dans les bouffées de chaleur liées à la ménopause, expose à des effets indésirables disproportionnés dont une hépatotoxicité, des troubles digestifs et neuropsychiques ainsi que diverses douleurs (n° 504 p. 725-730).
Le géfapixant (Lyfnua°), un antagoniste des récepteurs purinergiques P2X3 et P2X2/3, premier médicament autorisé dans l'Union européenne chez les patients gênés par une toux chronique réfractaire ou d'origine inexpliquée, expose à des troubles du goût très fréquents, des pneumonies et des lithiases urinaires (n° 501 p. 485-491).
Deux médicaments retirés du bilan des médicaments à écarter : l'acide obéticholique et le piracétam
L'acide obéticholique (ex-Ocaliva°), un dérivé d'acide biliaire, n'est plus autorisé dans les cholangites biliaires primitives. Dans cette situation, il n'améliore pas l'état de santé des patients, ni en monothérapie ni en association avec l'acide ursodéoxycholique (Delursan° ou autre). Il aggrave souvent les principaux symptômes de la maladie (prurit et fatigue) et semble exposer à des effets indésirables hépatiques graves, parfois mortels (n° 415 p. 326-327).
Le piracétam (Nootropyl° ou autre), un "psychostimulant", est autorisé dans diverses situations cliniques dont les vertiges, les déficits cognitifs et neurosensoriels des personnes âgées, la dyslexie chez les enfants et les myoclonies d'origine corticale. Après réanalyse en 2025 de sa balance bénéfices-risques dans les myoclonies corticales, les données d'évaluation montrent un intérêt clinique possible mais incertain dans cette situation rare (n° 504 p. 791-792). Ce bilan ne recense que les médicaments plus dangereux qu'utiles dans toutes les indications figurant dans leur AMM, par conséquent le piracétam en est retiré. Pour autant, sa balance bénéfices-risques reste défavorable dans les autres situations de l'autorisation de mise sur le marché (AMM) : le piracétam n'a alors pas d'efficacité clinique établie, alors qu'il expose à des hémorragies, des nervosités, des agitations, des prises de poids (n° 294 p. 260 ; n° 342 p. 260-261 ; n° 443 p. 677).