Le terme générique "prurigo" est défini par la présence sur le corps de nombreuses lésions cutanées de grattage qui sont la conséquence de démangeaisons chroniques (d'une durée supérieure ou égale à six semaines). Les démangeaisons sont liées à une hypersensibilisation des terminaisons nerveuses au niveau de la peau, conduisant à un cycle auto-entretenu démangeaisons-grattage.
Le prurigo est dit nodulaire quand les lésions cutanées se manifestent par des nodules. Les paumes des mains, les plantes des pieds et le visage sont rarement atteints. Il touche surtout des adultes, le plus souvent âgés de 40 à 70 ans. Certains patients ont des centaines de nodules sur le corps. Comme dans d'autres formes de prurigo, les conséquences pour le patient sont, à des degrés variables : altération du sommeil en raison des démangeaisons, répercussions psychologiques (désarroi, anxiété, dépression, dégradation de l'image de soi en raison de l'aspect inesthétique des lésions), ce qui altère parfois fortement la qualité de vie, notamment quand les lésions sont très nombreuses.
Les lésions du prurigo nodulaire disparaissent rarement spontanément. L'application plusieurs fois par jour d'un émollient sur la peau vise à soulager le prurit. En cas d'effet insuffisant, un corticoïde en application cutanée est une option. La photothérapie est parfois aussi proposée. Quand les conséquences sur la vie quotidienne sont importantes, divers médicaments sont utilisés par voie générale, hors autorisation de mise sur le marché (AMM), Leur efficacité est incertaine en raison du faible niveau de preuves de leur évaluation clinique, et ils exposent à des effets indésirables parfois graves qui justifient de limiter leur utilisation.
Déjà autorisé dans l'Union européenne dans diverses maladies inflammatoires, le dupilumab (Dupixent°) l'est devenu aussi chez les adultes atteints d'un prurigo nodulaire quand un traitement par voie générale est envisagé. Dans deux essais randomisés, en double aveugle, ayant inclus 311 patients atteints d'une forme modérée à sévère de prurigo nodulaire, le dupilumab a été plus efficace qu'un placebo pour réduire le prurit et les lésions après 6 mois de traitement, au prix notamment d'un surcroît de troubles oculaires et d'infections. L'arrêt du dupilumab expose probablement à un rebond des démangeaisons chez une partie des patients.
Élaboré par la Rédaction
©Prescrire 1er avril 2024
• Texte complet :
"Dupilumab (Dupixent°) et prurigo nodulaire" Rev Prescrire 2024 ; 44 (486) : 248-249. Réservé aux abonnés.