Les nouveaux médicaments sont-ils chers à cause du coût de la recherche et développement (alias R&D) supporté par les firmes pharmaceutiques ? Pour éclairer ce débat, il faudrait des chiffres précis et fiables, et a minima une transparence sur les financements publics de R&D.
Depuis une loi de 2020, les firmes pharmaceutiques doivent informer le Comité économique des produits de santé (CEPS) du « montant des financements publics de recherche et développement dont elles ont bénéficié » pour les médicaments remboursés par la collectivité. Fin 2022, le CEPS a publié pour la première fois des chiffres. Sur 190 firmes concernées, seules 7 ont déclaré avoir reçu un financement public de R&D en 2021, pour un total d'environ 3 millions d'euros. « Une représentation trompeuse de la réalité », selon un collectif d'associations de la société civile. En 2019, les firmes ont bénéficié de plus de 700 millions d'euros de réduction d'impôts grâce au crédit d'impôt recherche, soit un financement public indirect de leur R&D.
Autre surprise à la lecture du rapport du CEPS, on y apprend que 18 firmes ont déclaré avoir financé à hauteur d'environ 49 millions d'euros des organismes publics de recherche, principalement l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et des centres hospitaliers universitaires (CHU). La publication de ce chiffre provient de l'accord cadre passé entre le CEPS et le syndicat des firmes (LEEM) en 2021 par « volonté de transparence et de symétrie d'information ». En somme les firmes ont réussi le tour de passe-passe de détourner une loi sur la transparence des financements publics de R&D pour faire de la publicité sur leur financement de la recherche publique.
Est-ce si difficile d'obliger chaque firme à publier ce dont elle a bénéficié au titre du crédit d'impôt recherche ?
Élaboré par la Rédaction
©Prescrire 19 avril 2023
• Texte complet :
"Coûts de R&D : opacité à tous les étages" Rev Prescrire 2023 ; 43 (475) : 379. Réservé aux abonnés.