Les décongestionnants parfois proposés dans les manifestations ORL (rhume, etc.) sont des sympathomimétiques vasoconstricteurs, tels que l'éphédrine, la naphazoline, l'oxymétazoline, la phényléphrine (alias néosynéphrine), la pseudoéphédrine et le tuaminoheptane.
Que ce soit en dehors de la grossesse ou pendant la grossesse, les vasoconstricteurs décongestionnants ont une balance bénéfices-risques défavorable : quelle que soit leur voie d'administration, leurs effets indésirables sont disproportionnés pour des troubles bénins tels que le rhume. La voie nasale ne met pas à l'abri d'effets indésirables graves cardiovasculaires. Ils exposent en plus à divers risques pendant la grossesse.
Des études, regroupant près de 10 000 femmes enceintes exposées durant leur grossesse à des vasoconstricteurs décongestionnants ont mis en évidence un risque accru de malformations en lien avec une perturbation du système vasculaire de l'embryon.
Aux deuxième et troisième trimestres de la grossesse et près de la naissance, la femme, le fœtus, puis le nouveau-né sont exposés aux effets sympathomimétiques des vasoconstricteurs ce qui fait prévoir des altérations de la vascularisation utérine et fœtale, avec un retentissement sur le développement fœtal, et des troubles cardiovasculaires.
En pratique, les vasoconstricteurs décongestionnants exposent les patients de façon injustifiée à des risques rares, mais graves, et laissant parfois des séquelles. Ces médicaments, y compris par voie nasale, sont purement et simplement à écarter des soins.
©Prescrire 1er février 2016
"Vasoconstricteurs décongestionnants durant la grossesse : des risques pour l'enfant à naître" Rev Prescrire 2016 ; 36 (388) : 109. (pdf, réservé aux abonnés)