Revue Prescrire, Cahier Penser et prescrire en DCI octobre 2005
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D'autres bonnes raisons d'utiliser la DCI
 
Des professionnels plus disponibles : le prescripteur peut se concentrer sur la prise en charge des patients, le pharmacien sur l'adaptation et le suivi des traitements médicamenteux.
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Penser et prescrire en DCI : à chacun son rôle
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Les limites de l'utilisation de la DCI
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Envisager la prescription en DCI, c'est l'occasion pour chacun de réfléchir sur la connaissance réelle qu'il a des médicaments, et donc sur la formation initiale et continue en pharmacologie et en thérapeutique. C'est aussi un moyen d'améliorer les bonnes pratiques de prescription et de dispensation. C'est mieux prendre en compte le patient et respecter ses choix.

L'usage de la DCI facilite l'usage des sources d'informations indépendantes
Une répartition efficace des tâches entre prescripteurs et pharmaciens
Un langage commun, en ville et à l'hôpital, et pour la sécurité à l'étranger
Pour améliorer la communication soignants-patients

L'usage de la DCI facilite l'usage
des sources d'informations indépendantes

Dans toutes les sources d'information thérapeutique fiables et comparatives, qu'il s'agisse de guides thérapeutiques, de recommandations, d'essais cliniques, de méta-analyses, et ce quel que soit leur pays d'origine, les substances sont désignées d'abord (et souvent uniquement) par leur DCI. Un professionnel de santé qui ne connaîtrait pas les médicaments par leur DCI ne pourrait pas sérieusement maintenir à jour ses connaissances.

Il faut pratiquer cet esperanto utile pour profiter des données actualisées et non biaisées.

Une répartition efficace des tâches
entre prescripteurs et pharmaciens

Il revient au pharmacien de vérifier l'adéquation des prescriptions (absence d'erreur, posologie, interactions avec des traitements concomitants, etc.), puis d'expliquer ou de réexpliquer aux patients les modalités de prise, les précautions d'emploi, afin d'aider chacun à intégrer le traitement dans ses conditions de vie et de travail, etc. (article R. 4235-48 du CSP).

Mais des éléments d'information sont nécessaires. C'est au prescripteur de les faire figurer sur l'ordonnance :

à propos du patient concerné : son nom et son sexe (ce n'est pas toujours le malade qui viendra à la pharmacie), son âge et souvent son poids (en particulier pour les enfants, les patients très maigres ou obèses), voire sa surface corporelle dans certains cas ;

à propos du médicament choisi : réalisée en DCI, la prescription fait apparaître clairement et simplement, pour le pharmacien, les autres soignants et le patient, avec quel(s) médicament(s) le traitement va avoir lieu. L'ordonnance peut comporter une mention expliquant que le médecin laisse au pharmacien et au patient le soin de choisir ensemble une spécialité adaptée. Dans un pays encore habitué aux prescriptions en noms commerciaux, la démarche peut être pédagogique.
Si la prescription est réalisée en nom commercial pour une raison médicalement justifiable, et si la dispensation d'une autre marque n'est pas souhaitable, le prescripteur doit ajouter la mention "non substituable". Le pharmacien doit alors dispenser la spécialité prescrite (article R. 5125-54 du CSP), sauf si le pharmacien décèle dans l'ordonnance une erreur ou une incohérence mettant en jeu " l'intérêt de la santé du patient " (article R. 4235-61 du CSP).

à propos de la dose administrée et de la durée
du traitement :
une fois la substance active choisie, le prescripteur peut se concentrer sur la forme pharmaceutique et la posologie (la dose unitaire, le nombre de prises quotidiennes, le moment de ces prises, ainsi que la durée du traitement).
Et c'est tout ! Il serait regrettable que le prescripteur se disperse à rechercher quel est le nombre de gouttes par flacon de telle ou telle spécialité, ou si telle spécialité existe en boîtes de 28 ou 30 comprimés, alors qu'il n'a ni le temps, ni toujours les bons outils pour le faire. Le pharmacien, lui, a toutes les données techniques sous la main pour assurer la dispensation des quantités nécessaires et suffisantes.
Prescrire en DCI conduit le prescripteur à concentrer son attention sur la(ou les) substance(s) qu'il veut prescrire, sur les bénéfices attendus et les effets indésirables potentiels, sur les doses administrées et la durée de traitement.
Le pharmacien peut ensuite choisir la spécialité, en l'adaptant au traitement envisagé et à la situation du patient, expliciter les modalités d'utilisation, et s'assurer de leur bonne compréhension.
Dans tous les cas où elle est possible, la prescription en DCI permet au pharmacien de limiter le nombre de spécialités similaires qu'il stocke, à l'officine ou à l'hôpital. Il peut ainsi disposer de stocks suffisants pour chaque substance, et éviter de faire attendre ou revenir les patients. C'est une des raisons pratiques qui figurent dans le guide thérapeutique britannique ("British National Formulary").

Un langage commun, en ville et à l'hôpital,
et pour la sécurité à l'étranger

À l'heure actuelle, au sein des hôpitaux français, beaucoup de prescriptions se font soit en DCI, soit en noms commerciaux. In fine, le patient hospitalisé reçoit un médicament à nom commercial (parfois différent de celui qui a été prescrit) ou, plus rarement, une préparation hospitalière. L'infirmière qui vient administrer les médicaments les appelle parfois encore par d'autres noms commerciaux (par habitude ancienne ou parce qu'elle utilise un certain nom commercial sur un autre lieu de travail).

Le même patient, revenu à son domicile, se voit en général prescrire le même traitement, le plus souvent sous un nom commercial (parfois différent de celui reçu à l'hôpital), et le médicament qu'il reçoit du pharmacien d'officine peut encore porter un autre nom commercial (en raison du droit de substitution).

Tel parent ou tel ami de ce patient prend le même médicament, mais sous un autre nom, ou un médicament très différent sous un nom commercial qui ressemble. Dans l'armoire à pharmacie familiale, il n'est pas rare que plusieurs boîtes contiennent la même substance sous des noms commerciaux différents.

Si tout au long de la chaîne de soins un seul et même nom, la DCI, était utilisé pour désigner le médicament, cela faciliterait la compréhension et la communication entre les professionnels, mais aussi les échanges avec les patients (pour peu que cette DCI soit " facilement lisible, clairement compréhensible " sur les emballages des spécialités, comme l'exige l'article R. 5121-138 du CSP).

En cas de voyage à l'étranger (situation de plus en plus fréquente pour les citoyens de tous pays), il est important que les patients connaissent la DCI de leurs médicaments (afin notamment de pouvoir, au besoin, s'en procurer sans difficulté). C'est une des évidences qui ont conduit à la mise en place du programme des DCI de l'OMS.

Pour améliorer la communication soignants-patients
L'objectif du prescripteur est d'être compris, non seulement par le pharmacien et les autres soignants, mais surtout par le patient.

S'il fait en sorte, notamment grâce à la DCI, d'être moins préoccupé par les noms commerciaux ou les prix des spécialités, le prescripteur pourra véritablement commenter sa prescription avec le patient.

Document de communication, l'ordonnance claire et intelligente n'est ni un simple bon de commande conforme au règlement, ni un banal outil comptable pour l'assurance maladie.

Rappeler ces principes de base est utile, car à force de se focaliser sur une réglementation de plus en plus complexe, d'agir en prestataire de service manipulé par les firmes pharmaceutiques ou l'assurance maladie, de consacrer du temps à la technique informatique, et d'accepter comme guides thérapeutiques des slogans publicitaires, on en vient à oublier le patient.

Il est facile de dire à tous les patients demandeurs d'information quelle est la DCI de la substance avec laquelle ils sont traités. Ils peuvent ainsi la repérer dans d'autres spécialités (de prescription, de conseil ou d'automédication), et éviter des prises concomitantes, inutiles voire dangereuses.

Les patients les plus curieux peuvent s'intéresser aux suffixes qui permettent de reconnaître telle ou telle famille de médicaments par leur DCI. Ils ne se contentent plus d'un nom commercial, qui ne transmet qu'un message insuffisant.
Une information claire des patients est aussi une marque de respect.

©La revue Prescrire 1er octobre 2005