Alors
que l'on compte en 2005 plus de 8 000 noms commerciaux de médicaments
en France, cela ne correspond qu'à environ 1 700 DCI.
Au
lieu d'encombrer leur mémoire avec de multiples noms commerciaux, les médecins
et les pharmaciens peuvent retenir un nombre restreint de DCI, et consacrer leur
temps au bon usage des substances médicamenteuses (la posologie en fonction
du patient, le mode d'administration, etc.) et à mieux s'occuper des patients.
Penser en DCI, c'est
indispensable pour détecter les similitudes voire les copies conformes,
pour prévenir les effets indésirables liés aux interactions
médicamenteuses, et tout simplement pour savoir vraiment ce que l'on prescrit,
conseille, dispense. Penser
en DCI conduit à s'intéresser à la composition des médicaments,
à faire des recoupements, à exercer avec plus de cohérence,
plus de prudence, plus de savoir-faire. En
abordant les médicaments par leurs compositions en DCI, on en vient à
se poser naturellement la question de l'adéquation des médicaments
que l'on utilise tous les jours : y compris en ce qui concerne les formes galéniques,
les dosages, les conditionnements, la facilité d'utilisation, la clarté
des notices.
La DCI
en tête, on trie facilement, on compare, on choisit. On aide les patients
à s'y retrouver. On
pense et on agit ainsi en professionnel, en soignant apte à rendre le meilleur
service de soins possible. Un service réfléchi, étayé,
précis, en toute indépendance. On analyse aussi plus facilement
les multiples facettes des médicaments : agents thérapeutiques utiles,
parfois moins utiles, voire néfastes ; produits industriels plus ou moins
rentables ; parfois essentiellement supports de bluffs promotionnels.
Chemin faisant, on découvre
la part non directement thérapeutique des médicaments : enjeux économiques,
voire boursiers ; instruments de politiques sanitaires collectives ; objets de
contraintes administratives plus ou moins compréhensibles, pas forcément
cohérentes ni acceptables ; voire sources de conflits entre professionnels.
Plus généralement,
bons reflets de la société, les médicaments appellent divers
niveaux d'analyse. Chacun, firme, organisme d'assurance maladie, responsable de
l'État, gestionnaire de structure de soins, soignant, etc., porte ses contraintes
et construit son approche. On peut, on doit, être attentif à tous
les aspects non thérapeutiques du problème, sans préjugé.
Mais sans jamais perdre
de vue la priorité : les soins de qualité, la meilleure balance
bénéfices-risques possible pour le patient. ©La
revue Prescrire 1er octobre 2005 |