Après le leurre de la moindre dangerosité des cigarettes avec filtre et des cigarettes dites légères, l'industrie du tabac a lancé depuis 2014 dans plusieurs pays une campagne marketing importante en faveur des produits à base de tabac à chauffer. Cette forme de tabac est présentée par les industriels comme un produit moins dangereux pour la santé que la cigarette conventionnelle.
En réalité, la plupart des études sur le tabac à chauffer montrent des quantités certes moindres, mais persistantes, de substances dangereuses par rapport à la cigarette conventionnelle. Ainsi, le tabac à chauffer expose au benzo[a]pyrène et à la nitrosamine cétone dérivée de la nicotine (nicotine derived nitrosamine ketone, NNK), des substances qui sont cancérogènes génotoxiques.
Les études montrent en général que les dispositifs à base de tabac à chauffer émettent une fumée contenant de la nicotine à des taux inférieurs à ceux retrouvés dans la fumée de cigarette conventionnelle. Ces dispositifs obligent cependant les consommateurs à prendre les bouffées sur un temps très court avant l'arrêt automatique du dispositif. Ces bouffées répétées provoquent des pics de nicotine conférant au tabac à chauffer un fort potentiel addictif. Les études épidémiologiques montrent que le tabac à chauffer n'aide pas les fumeurs à arrêter la consommation de tabac. Il peut même constituer une porte d'entrée vers le tabagisme.
L'Organisation mondiale de la santé a alerté sur les dangers du tabac à chauffer et préconise de le soumettre à la même réglementation que la cigarette conventionnelle, ce qui n'est pas le cas en France où, en septembre 2020, il est classé parmi les "nouveaux produits du tabac" et échappe à la réglementation de la cigarette conventionnelle.
©Prescrire 1er octobre 2020
• Texte complet :
"Le tabac à chauffer : un produit marketing qui nuit à la santé" Rev Prescrire 2020 ; 40 (444) : 783-785. Réservé aux abonnés.