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Néfopam : risques et efficacité moins évalués que pour d'autres antalgiques

Les effets indésirables du néfopam sont mieux connus et établis que son efficacité.

Le néfopam (Acupan° ou autre) est un antalgique autorisé en France depuis 1980 par voie injectable et orale. Mi-2014, seule la solution injectable est commercialisée en France, mais elle est souvent prise par voie orale (sur un sucre), de manière détournée. Cet antalgique est très utilisé en France : plus de 2,5 millions de boîtes remboursées en 2013.

Que ce soit par voie orale ou injectable, dans les douleurs aiguës ou chroniques, les essais comparatifs sont pour la plupart anciens et de qualité méthodologique médiocre.

Mi-2014, l'effet antalgique du néfopam apparaît au mieux modeste ; il n'est probablement pas supérieur à celui d'un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS). Il est vraisemblable que certains patients se sentent globalement mieux sous néfopam en partie en raison de ses propriétés psychostimulantes. Celles-ci exposent à un usage abusif avec développement d'une dépendance même chez des patients sans antécédent.

Même aux doses recommandées, les effets indésirables du néfopam peuvent être graves : effets atropiniques (sensations vertigineuses, palpitations, bouche sèche, rétention urinaire, troubles de la sudation, troubles de la vue, etc.), troubles neuropsychiques et réactions graves d'hypersensibilité, dont des chocs anaphylactiques et des oedèmes de Quincke. Globalement, les effets indésirables sont mieux connus et établis que l'efficacité.

L'utilisation du néfopam devrait être exceptionnelle, de très courte durée, chez des patients informés des incertitudes et des effets indésirables.

©Prescrire 1er septembre 2014

"Néfopam (Acupan° ou autre)" Rev Prescrire 2014 ; 34 (371) : 646-649. (pdf, réservé aux abonnés)