En panne de nouveaux médicaments apportant un progrès thérapeutique tangible pour les patients, les firmes pharmaceutiques font feu de tout bois pour maintenir leurs marchés et s'en ouvrir de nouveaux. Avec les "programmes d'aide à l'observance" qu'elles essaient de faire légaliser en France, les firmes entendent "aider" les patients à bien suivre leurs traitements chroniques, jusqu'à la dernière gélule ! Avec des "campagnes d'information sur les maladies", les firmes construisent parfois de toutes pièces des maladies, souvent à partir de troubles ordinairement bénins. Elles amènent ainsi de nombreuses personnes à se croire malades et à consommer des médicaments. Le plus souvent, les symptômes existent bel et bien, mais le battage médiatique organisé autour, par les firmes et ceux qui en dépendent, tend à exagérer la fréquence, la gravité, ou les conséquences de ces troubles.
Tout cela concourt à une médicamentation de l'existence qui est d'autant plus regrettable quand les médicaments concernés n'ont pas d'efficacité tangible ou entraînent des effets indésirables graves.
Dans son numéro de novembre, la revue Prescrire déplore par exemple la mauvaise balance bénéfices-risques de médicaments dans le "stress post-traumatique" ou encore les "jambes sans repos".
La collectivité ne doit pas laisser les firmes créer des besoins artificiels ou promouvoir des solutions inadaptées à des problèmes réels. Elle ne doit pas les laisser non plus développer la publicité grand public pour médicaments de prescription, sous couvert "d'aide à l'observance" ou "d'information sur les maladies".
©Prescrire 1er novembre 2006
LIBRE "Le mot de Gaspard : Artifices" Rev Prescrire 2006 ; 26 (277) : 724. Télécharger (pdf, 116 Ko).
