En France, le nombre de nouveaux cas de cancers liés au travail survenant chaque année est estimé entre 18 000 et 30 000. Mais seulement 1 800 cancers environ par an sont indemnisés pour la première fois au titre d'une maladie professionnelle.

Cette faible part s'explique par la sous-déclaration de ces cancers, et par une sous-reconnaissance lors du parcours d'indemnisation.

La sous-déclaration tient notamment à l'ignorance fréquente, par les travailleurs et par les médecins, d'un lien possible entre le cancer et une exposition le plus souvent ancienne, ainsi qu'à la complexité du dispositif réglementaire de déclaration des maladies professionnelles. La sous-reconnaissance s'explique en partie par une prise en compte insuffisante des cancérogènes et des cancers liés au travail dans le système des maladies professionnelles.

Une étude menée en Seine-Saint-Denis a analysé le parcours d'indemnisation de 65 patients atteints de cancers estimés éligibles aux critères de reconnaissance en maladie professionnelle. L'accompagnement des patients dans leurs démarches a montré une part d'arbitraire dans le traitement de leur dossier, et des difficultés liées par exemple au fait que le système de reconnaissance ne prend pas en compte les expositions multiples à des cancérogènes. L'analyse des motifs de rejet montre qu'en présence de cofacteur cancérogène extraprofessionnel tel que le tabagisme, le comité a souvent conclu que ce cofacteur était la principale cause du cancer, y compris en cas d'antécédents d'exposition à l'amiante.

Évoquer une éventuelle cause professionnelle à un cancer rend service au patient et contribue à l'amélioration des connaissances sur les cancers liés au travail. Il peut en effet être utile de se demander : et si c'était le travail ?

©Prescrire 1er septembre 2017

"Cancers professionnels : une reconnaissance difficile en France" Rev Prescrire 2017 ; 37 (407) : 698-702. (pdf, réservé aux abonnés)