La spécialité Enerzair Breezhaler°, autorisée dans l'asthme, est commercialisée avec ou sans un capteur électronique (lire aussi "indacatérol + glycopyrronium + mométasone (Enerzair Breezhaler°) et asthme"). Fixé à l'inhalateur, ce capteur enregistre diverses informations concernant la prise du médicament. Les données peuvent ensuite être transmises à une application installée sur un smartphone ou une tablette, pour un suivi par le patient ou une personne de son entourage telle qu'un soignant. Le patient est invité à saisir d'autres données personnelles dans l'application.
Et tout ça gratuitement en France, le prix d'Enerzair Breezhaler° étant le même qu'il y ait ou non un capteur dans la boîte, et l'utilisation de l'application étant gratuite. Cela grâce à un service public généreux, une initiative bienveillante de l'assurance maladie solidaire, ou une association de patients dynamiques et désintéressés ? Non. Le site web de l'éditeur de cette application montre qu'il est contrôlé par une entreprise cotée à la Bourse de New York.
Face à un médicament "connecté", quelques questions émergent, par exemple : pour qui travaille-t-on quand on collecte des données ? Les données collectées sont-elles partagées avec un tiers connu ou inconnu du patient ? Comment sont-elles sécurisées lors de leur transmission et sur les divers supports électroniques (ordinateurs, smartphones) ? Sont-elles collectées en vue d'une exploitation commerciale ? La réglementation européenne sur la protection des données personnelles est-elle respectée ?
Dans le domaine de la santé aussi, les enjeux financiers autour des données personnelles sont énormes. Certains produits de santé connectés sont utiles à des soins de qualité (lire aussi par exemple "Évolutions de deux dispositifs de mesure du glucose interstitiel : Dexcom G6° et Freestyle Libre 2°"). Mais attention aux objectifs non clairement exposés et aux gadgets qui servent avant tout à capter des données personnelles et rendent davantage service à ceux qui les exploitent qu'aux patients.