Chez les enfants, le diagnostic de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité est porté en présence de plusieurs symptômes non spécifiques, tels que difficultés de concentration en milieu scolaire, agitation motrice et impulsivité. Ses limites sont floues. Utilisé dans ces situations chez environ 60 000 jeunes âgés de moins de 20 ans en France en 2016, le méthylphénidate (Ritaline° ou autre), un amphétaminique psychostimulant, a une efficacité symptomatique au mieux modeste, alors que ses effets indésirables cardiovasculaires et neuropsychiques sont parfois graves. Il est à proposer uniquement en dernier recours, en cas d'échec de mesures non médicamenteuses (1).
Malgré ces réserves, les diagnostics de déficit de l'attention avec hyperactivité chez les enfants d'âge scolaire et leur traitement par méthylphénidate ont fortement augmenté dans de nombreux pays (2à4).
Surdiagnostics et surtraitements chez les plus jeunes d'une même classe scolaire
Dans une province du Canada, une étude sur les diagnostics de déficit de l'attention avec hyperactivité et leurs traitements par médicament psychostimulant a été menée entre 1997 et 2008 chez environ 930 000 enfants âgés de 6 ans à 12 ans (3). Elle a montré qu'à l'école, les enfants les plus jeunes d'une même classe avaient un risque plus grand de prendre un psychostimulant que les enfants plus âgés : 1,4 fois plus chez les garçons et 1,8 fois plus chez les filles (3). Les auteurs ont estimé que ces différences démontraient l'existence d'un diagnostic avec médicamentation par excès des enfants les plus jeunes, et donc les plus susceptibles d'une moindre attention et de comportements perturbant la classe. Les parents, les enseignants et les médecins ont chacun leur responsabilité dans ces médicamentations excessives (3,5).
D'autres études dans différents pays ont montré des résultats similaires : 1,6 fois plus de traitements par un psychostimulant chez les enfants les plus jeunes d'une même classe dans une étude de 380 000 enfants à Taïwan, 1,5 fois plus dans une étude chez 500 000 enfants en Norvège, 1,3 fois plus dans une étude chez 400 000 enfants aux États-Unis d'Amérique, etc. (4,6).