Mi-2013, en France, un médicament de référence dans l'hypertension artérielle, l'hydrochlorothiazide (Esidrex°) a cessé d'être disponible dans des pharmacies de ville suite à une rupture d'approvisionnement. Cette situation, qui a duré quelques semaines, a été passée sous silence, sans aucune information officielle sur le site de l'Agence française des produits de santé (ANSM) sur la rupture en elle-même, ni sur des traitements médicamenteux alternatifs pouvant éventuellement être utilisés en remplacement.

Depuis les années 2000, les ruptures d'approvisionnement en médicaments sont de plus en plus fréquentes, et pas seulement en France. Dans le cadre de la loi de "sécurité du médicament" de 2011, la réglementation française a été modifiée en vue de limiter les ruptures d'approvisionnement ou leur impact sur la continuité des traitements.

Les causes des ruptures d'approvisionnement en médicaments sont très diverses : augmentation de la demande d'un médicament ; manque de matière première nécessaire à leur fabrication suite par exemple à un problème de qualité ; modification des procédures de fabrication ; limitation des stocks et gestion en "flux tendu" ; dysfonctionnement dans le circuit de distribution ; distribution privilégiée vers certains pays où le prix est plus avantageux ; etc.

En l'absence d'information, les soignants en contact direct avec les patients ne peuvent guère anticiper les éventuels problèmes que la rupture va poser. Les soignants et les patients ont besoin de connaître ses causes, sa durée prévisible, et les alternatives d'approvisionnement. Quand les ruptures concernent des médicaments utiles, voire importants pour des patients, les autorités de santé ont un rôle à jouer : forcer les firmes à remplir leurs obligations concernant l'information sur la prévision des stocks, proposer une alternative et organiser si nécessaire l'importation d'une spécialité de composition similaire.

©Prescrire 1er janvier 2014

"Approvisionnements en médicaments : ruptures préoccupantes" Rev Prescrire 2014 ; 34 (363) : 15-16. (pdf, réservé aux abonnés)