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Politique du médicament : de bonnes mesures annoncées, à compléter, et surtout à faire appliquer

Les responsables politiques ont aujourd’hui la responsabilité de ne pas décevoir l’espoir qu’ils ont alimenté. Mieux, ils ont une opportunité historique pour conduire un changement de cap dans la politique du médicament, en France et en Europe, au bénéfice premier des patients.

  • L’affaire Mediator° a suscité en France une vaste remise en cause de la politique du médicament. Plusieurs organismes et institutions officiels ont ouvert un débat destiné à proposer des améliorations de cette politique.
     
  • Dès le 8 mars 2011, Prescrire a proposé 57 recommandations pour réorienter la politique du médicament au bénéfice des patients. Les recommandations finales de la mission de l’Assemblée nationale, de la mission du Sénat, de la mission auprès du Président de la République, de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) d’une part, et des Assises du médicament d’autre part, recoupent une grande partie de ces recommandations.
     
  • Le ministre de la santé a repris une part importante des propositions des Assises, également recommandées par d’autres missions, ce qui doit être salué.
     
  • Cependant, plusieurs points essentiels ne figurent pas dans les mesures proposées :
    • le développement d’une recherche clinique publique forte. D'une part, il n'est pas cohérent de laisser les firmes fournir l’essentiel des données d'évaluation clinique de leurs médicaments : cela les place dans un conflit d'intérêts majeur. D’autre part, ce financement par les firmes entretient de nombreux liens d’intérêts entre elles et les experts. À terme, cette évaluation doit être assurée principalement par les pouvoirs publics ;
    • l’accès public aux données d’évaluation clinique et de pharmacovigilance, indispensable pour la transparence des décisions et la possibilité d'expertises plurielles en dehors des agences officielles ;
    • le renforcement du système public de pharmacovigilance ;
    • une évolution du métier et de la rémunération des pharmaciens d'officine leur permettant d’assurer vraiment leur mission de soignant professionnel du médicament, bien placé dans le circuit des soins pour éviter de nombreux effets indésirables des médicaments.
  •  Plusieurs points sont à préciser :
    • les registres de liens d’intérêts ("Sunshine Act à la française") doivent être interrogeables aussi par nom de soignant et non seulement par nom de firme ;
    • le développement des vigilances et la formation des soignants dans ces domaines doivent inclure aussi les pratiques (erreurs liées aux soins) et pas seulement les effets indésirables des produits de santé ;  
    • la transparence ne se marchande pas : les vidéos des différentes commissions doivent être intégrales, et non réservées aux "enjeux sanitaires" : le médicament est par définition toujours un enjeu sanitaire.
  • Prescrire évaluera l’ampleur des réformes sur les faits, et notamment à court terme leur traduction sans affadissement dans la loi annoncée. C'est un préalable pour que ce soit un réel pas vers un meilleur accès pour tous à des soins de qualité. À court terme également, la France doit s'assurer que ses représentants à l'Agence européenne du médicament sont bien à même de porter les changements indispensables.
     
  • Prescrire garde son indépendance et continuera d’évaluer avec exigence la balance bénéfices-risques des médicaments et le progrès thérapeutique qu’ils apportent éventuellement, ainsi que les décisions des agences et des responsables politiques.
     
  • Les différentes missions politiques et les Assises du médicament ont montré que la société française était prête à de profonds changements dans le domaine du médicament.
     
  • Les responsables politiques ont aujourd’hui la responsabilité de ne pas décevoir l’espoir qu’ils ont alimenté. Mieux, ils ont une opportunité historique pour conduire un changement de cap dans la politique du médicament, en France et en Europe, au bénéfice premier des patients.

©Prescrire 30  juin 2011

Pour en savoir plus :

Politique du médicament
en France : réagir
(Avril 2011)
Accès libre

Médicaments : priorité
à l'intérêt des patients
et à la santé publique -
Les 57 propositions Prescrire
(Mars 2011)
Accès libre

Affaire Mediator° :
en sortir par le haut
(Janvier 2011)
Accès libre