Stratégie pharmaceutique européenne : vers un règlement "vert" ?

Dans le cadre de sa stratégie pharmaceutique européenne préparée depuis 2020, la Commission européenne a ajouté in extremis début 2025 un nouveau projet de règlement en réaction aux épisodes climatiques extrêmes survenus dans le monde en 2024 (1).

Ce projet vise à réduire au maximum l'empreinte carbone des produits de santé, et à développer la résilience du système de soins européen face à ces épisodes climatiques extrêmes.

Prescrire a répondu à la consultation express mise en place par la Commission (2). Outre la correction de coquilles ("conque" à la place de "coque", par exemple), Prescrire a fait part de ses remarques sur le fond.

Parmi les objectifs qui ont retenu notre attention au fil de l'eau, notons :

• l'incitation à raccourcir les circuits de fabrication des médicaments, priorité étant donnée aux petites unités de production locales telles que les micro-laboratoires itinérants visant à garantir une production de proximité (alias "drug trucks") ;

• l'obligation pour les dispositifs médicaux (DM) de plus de 1,55 m de haut de résister à un vent de force 12 sur l'échelle de Beaufort ;

• la prescription préférentielle de médicaments déliquescents ou évanescents en milieu humide ;

• la nécessité de garantir une flottaison minimale des ordinateurs des soignants pour conserver les données de santé à l'abri des inondations ;

• la vitrification des DM connectés contenant des informations-patients, permettant la récupération des données en un bloc solide qui pourrait être réintroduit dans un autre appareil, puis dévitrifié pour pouvoir accéder à nouveau aux données, en cas d'alternances submersion/sécheresse ;

• l'obligation pour les pharmacies d'officine ou d'établissement (alias PUI) de sécuriser leurs stocks de médicaments dans un lieu résistant aux odeurs dégagées lors des incendies de forêt, afin de prévenir tout risque d'altération du goût des sirops pour enfant.

En revanche, Prescrire n'a pas voulu se prononcer sur la proposition de respecter chaque année un mois "Fish Free", à l'instar du "Dry January" pour l'alcool. Durant ce mois fixé de façon opportune en avril, les pêcheurs relâcheraient les poissons trop gros afin de préserver les ressources halieutiques. Prescrire considère que cette proposition de la Commission européenne pourrait, par ricochet, protéger les gros poissons de la Big Pharma.