Les médicaments retirés du bilan des médicaments à écarter 
Certaines données montrant une efficacité sur des critères cliniques ont conduit à retirer des médicaments du bilan des médicaments que Prescrire conseille d'écarter, malgré leur profil d'effets indésirables très chargé.
Les gliflozines retirées du bilan des médicaments à écarter
Les gliflozines, alias inhibiteurs du SGLT2 (co-transporteur rénal de sodium-glucose de type 2) sont autorisées dans diverses situations : le diabète de type 1 ou de type 2, l'insuffisance cardiaque, l'insuffisance rénale chronique.
Quatre gliflozines sont autorisées dans l'Union européenne :
- la canagliflozine (Invokana° ; et associée avec la metformine dans Vokanamet°),
- la dapagliflozine (Forxiga° ; associée avec la metformine dans Xigduo° ; et associée avec la saxagliptine dans Qtern°),
- l'empagliflozine (Jardiance° ; associée avec la metformine dans Synjardy° ; et associée avec la linagliptine dans Glyxambi°) ;
- l'ertugliflozine (Steglatro° ; associée avec la metformine dans Segluromet° ; et associée avec la sitagliptine dans Steglujan°).
Fin 2021, seules les spécialités Forxiga° et Xigduo° à base de dapagliflozine, et Jardiance° et Synjardy° à base d'empagliflozine sont commercialisées en France.
La balance bénéfices-risques de l'ensemble des gliflozines est globalement défavorable en prévention des complications du diabète de type 1 ou de type 2. Toutefois, quelques données ont montré une réduction de la mortalité totale avec la dapagliflozine chez des patients ayant une atteinte rénale modérée ou sévère, dont la majorité étaient diabétiques ; ou une réduction du risque d'insuffisance rénale terminale après une durée de 3 ans avec la canagliflozine chez des patients ayant une néphropathie diabétique, mais avec un risque d'acidocétose augmenté de façon notable (n° 455 p. 684-685).
Chez certains patients gênés par une insuffisance cardiaque dans leurs activités physiques malgré un traitement optimisé, avec ou sans diabète associé, la dapagliflozine a réduit la fréquence des complications graves de l'insuffisance cardiaque, mais sans démonstration solide d'un effet sur la mortalité (n° 456 p. 724 et 725-727).
Toutes les gliflozines ont un profil d'effets indésirables chargé, notamment : infections urogénitales, infections cutanées graves au niveau du périnée, acidocétoses, et peut-être augmentations du risque d'amputation des orteils.
Fin 2021, les gliflozines ont été retirées de ce bilan mais il reste difficile de cerner quels sont les patients à même de tirer un réel bénéfice de leur action.
La ciclosporine en collyre retirée du bilan des médicaments à écarter
La ciclosporine en collyre a d'abord été autorisée dans la sécheresse oculaire avec kératite sévère (sous le nom Ikervis°). Dans cette situation, elle n'a pas d'efficacité clinique démontrée au-delà de celle d'un placebo, alors qu'elle expose à des risques disproportionnés : douleurs et irritations oculaires fréquentes, effets immunodépresseurs et peut-être cancers oculaires ou péri-oculaires (n° 397 p. 805-806). C'est pourquoi elle figurait dans le bilan 2021 des médicaments à écarter. Depuis, la ciclosporine en collyre est devenue aussi autorisée dans les formes sévères de kératoconjonctivite vernale, une forme rare d'allergie saisonnière sévère (sous le nom Verkazia°), situation dans laquelle elle est parfois une option quand la poursuite d'un corticoïde en collyre n'est pas souhaitable (n° 449 p. 176-178).
La cimétidine retirée du bilan des médicaments
à écarter
La cimétidine (Cimétidine Mylan° ou autre), un antihistaminique H2 autorisé dans divers troubles gastro-œsophagiens, est un inhibiteur de nombreuses isoenzymes du cytochrome P450. Cela expose à l'accumulation et à l'augmentation des effets indésirables dose-dépendants de très nombreux médicaments, quand ils lui sont associés. Sa balance bénéfices-risques est défavorable comparée aux autres antihistaminiques H2 qui n'exposent pas à ces interactions médicamenteuses (“Antihistaminiques H2” Interactions Médicamenteuses Prescrire). Toutefois, fin 2021, en France, en raison de l'indisponibilité de la ranitidine, la cimétidine est le seul antihistaminique H2 avec une forme adaptée à une prise par des nourrissons atteints de reflux gastro-œsophagien compliqué par une œsophagite. Elle constitue une alternative à l'oméprazole (“Reflux gastro-œsophagien chez un nourrisson” Premiers Choix Prescrire).
Trois médicaments retirés du bilan des médicaments à écarter suite à leur arrêt de commercialisation
Les trois médicaments suivants ont une balance bénéfices-risques défavorable dans les situations dans lesquels ils sont autorisés, mais ils ont été retirés du bilan des médicaments à écarter, car fin 2021 ils ne sont plus disponibles en France, ni en Belgique, ni en Suisse.
- L'attapulgite (Actapulgite°, et en association dans Gastropulgite°), une argile médicamenteuse utilisée dans divers troubles intestinaux, est à écarter car elle est polluée naturellement par le plomb (n° 421 p. 830 ; n° 430 p. 579).
- L'association à doses fixes estrogènes conjugués équins + bazédoxifène (Duavive°), un estrogène + un agoniste-antagoniste des récepteurs estrogéniques, a une balance bénéfices-risques défavorable dans les symptômes liés à la ménopause en raison des risques de thromboses et de cancers hormonodépendants trop peu évalués (n° 401 p. 167- 169).
- L'association prednisolone + salicylate de dipropylène glycol dans la spécialité Cortisal° (n° 338 p. 898) en application cutanée a une balance bénéfices-risques défavorable pour soulager la douleur en cas d'entorse ou de tendinite, car elle expose aux effets indésirables des corticoïdes et aux réactions d'hypersensibilité des salicylés (n° 452 p. 425).
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