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Contraception postcoïtale sans prescription : pas de dérapage
 
Selon une enquête britannique, la vente en pharmacie sans ordonnance de la contraception postcoïtale ne semble pas augmenter notablement les comportements sexuels à risque ni modifier l'utilisation des préservatifs ou d'une contraception régulière.
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Contraception post-coïtale : aspects médicaux
Quelles sont les moyens disponibles et leur évaluation clinique ?
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Itinéraire mis à jour le 1er mars 2006 (10 textes)

Le lévonorgestrel (Norlevo°), en prise unique de 1 500 µg dans les 72 heures après un rapport sexuel non protégé, permet une contraception postcoïtale avec un taux d'échecs inférieur à 2 % (1).

Le lévonorgestrel pour contraception postcoïtale est disponible en pharmacie sans prescription, en France et dans d'autres pays. Des interrogations ont été soulevées lors de l'accès direct à cette contraception. Cela n'allait-il pas diminuer la contraception estroprogestative régulière, plus efficace ? l'usage des préservatifs, utiles en prévention des maladies sexuellement transmissibles ? Cela n'allait-il pas conduire certaines femmes à répéter l'utilisation d'une contraception postcoïtale ?

Ces interrogations ont conduit la Food and Drug Administration américaine à refuser la vente sans prescription de la contraception postcoïtale (2,3).

En Grande-Bretagne, la contraception postcoïtale n'était disponible jusqu'en 2000 que sur prescription médicale. Elle est devenue disponible sans prescription depuis janvier 2001 (3). Une enquête, menée sur 2000 à 2002, chaque année auprès d'environ 7 600 femmes âgées de 16 ans à 49 ans, a étudié l'impact de cet accès à cette contraception (3).

L'utilisation de la contraception postcoïtale n'a pas augmenté après la mise à disposition sans prescription : 6,5 % en 2000, 6,3 % en 2001 et 5,6 % en 2002 des femmes interrogées ont répondu l'avoir utilisée une fois dans l'année ; respectivement 2 %, 1,5 % et 1,7 % l'ont utilisée 2 fois ou plus.

L'utilisation des autres contraceptions est restée stable aussi : environ un tiers des femmes interrogées utilisaient une contraception hormonale ou un stérilet, 20 % une contraception locale, et dans 25 % des cas la contraception était assurée par la stérilisation d'un des 2 partenaires.

L'utilisation régulière ou occasionnelle des préservatifs est restée inchangée (environ 75 % des femmes interrogées ont répondu l'utiliser).

En somme, selon cette enquête britannique, la vente en pharmacie sans ordonnance de la contraception postcoïtale ne semble pas augmenter notablement les comportements sexuels à risque ni modifier l'utilisation des préservatifs ou d'une contraception régulière.

De quoi dissiper certaines craintes.

© La revue Prescrire 15 mars 2006
Rev Prescrire 2006 ; 26 (270) : 208.

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Références
1- Prescrire Rédaction "Contraception postcoïtale" Rev Prescrire 2005 ; 25 (260) : 299.
2- Klein JD et coll. "Emergency contraception" Pediatrics 2005 ; 116 (4) : 1026-1035.
3- Marston C et coll. "Impact on contraceptive practice of making emergency hormonal contraception available over the counter in Great Britain : repeated-cross sectional surveys" BMJ 2005 ; 371 : 271-273.