Au début des années 2010, un essai en prévention cardiovasculaire aspirine 100 mg versus placebo a inclus 18 153 personnes âgées de 65 ans ou plus, vivant en Australie ou aux États-Unis d'Amérique. Le protocole de l'essai prévoyait un dosage de l'hémoglobinémie chaque année et un dosage de la ferritinémie (pour rechercher une anémie liée à une carence en fer) à l'inclusion et au cours de la troisième année de suivi.
L'incidence annuelle des anémies au cours de l'essai a été de 5,1 % dans le groupe aspirine versus 4,3 % dans le groupe placebo, soit après ajustement sur d'autres facteurs de risque d'anémie, un risque relatif estimé de 1,20.
L'exclusion des patients qui avaient eu un saignement majeur n'a pas modifié les résultats statistiques, ce qui montre que les anémies étaient aussi liées à des saignements qui peuvent passer inaperçus (alias occultes). Les saignements majeurs ont été plus fréquents dans le groupe aspirine (chez 3,0 % des patients) que dans le groupe placebo (chez 2,1 %).
Par rapport à l'inclusion, une baisse de la ferritinémie d'environ 11,5 % en moyenne a été observée au cours de la troisième année de suivi chez les patients sous aspirine, plus élevée que chez les patients sous placebo.
Ainsi, y compris à faible dose, l'aspirine expose à des saignements occultes avec baisse progressive de l'hémoglobinémie. Il est justifié de mesurer l'hémoglobinémie tous les 3 à 5 ans chez les patients qui prennent de l'aspirine à faible dose, et la ferritinémie en cas d'anémie ou de risque élevé de carence en fer, par exemple par défaut d'apport alimentaire.
Élaboré par la Rédaction
©Prescrire 1er avril 2024
• Texte complet :
"Aspirine à faible dose : anémies" Rev Prescrire 2024 ; 44 (486) : 271. Réservé aux abonnés.