La prégabaline est autorisée dans certaines épilepsies, certaines douleurs et l'anxiété généralisée, sans que son mode d'action soit très clair. Le risque d'abus et de dépendance est connu depuis le milieu des années 2000. Les usagers décrivent une euphorie, avec des effets proches de ceux de l'alcool et des benzodiazépines.
En France, entre 2014 et 2018, 181 cas d'abus ont été rapportés, dont 106 cas en 2018. Cette année-là, la prégabaline était au 4e rang des médicaments les plus cités dans les ordonnances falsifiées, alors que, en 2017, elle était au 15e rang. Dans une étude portant sur un échantillon représentatif des personnes couvertes par le régime d'assurance maladie obligatoire français, la prescription à une posologie dépassant celle préconisée a concerné, au moins une fois en deux ans, 13 % des patients avec la prégabaline. Cette augmentation des cas d'abus et de dépendance est également constatée dans l'Union européenne et aux États-Unis d'Amérique.
Le Comité technique des centres d'évaluation et d'information des pharmacodépendances (CEIP) a recommandé la prescription de prégabaline sur ordonnance sécurisée avec limitation à 12 semaines, mais cette mesure n'est toujours pas effective en France en septembre 2020. Au Royaume-Uni, l'accès à la prégabaline a été restreint en 2019.
Les patients exposés, voire leur entourage, sont à informer du risque d'abus et de dépendance à la prégabaline. Il est utile que les professionnels de santé soient attentifs aux demandes exagérées, avec une réponse adaptée au contexte : refuser ou limiter l'approvisionnement, ou savoir aborder l'éventualité d'une dépendance par le dialogue.
©Prescrire 1er octobre 2020
• Texte complet :
"Abus et dépendances à la prégabaline en hausse en France et ailleurs" Rev Prescrire 2020 ; 40 (444) : 750-751. Réservé aux abonnés.