Les otites externes se limitent à une atteinte du conduit auditif, le tympan étant intact. Cependant, l'examen clinique est douloureux en cas d'otite externe aiguë et il est difficile de vérifier l'intégrité du tympan. Diverses gouttes auriculaires contenant un antibiotique aminoside (néomycine, framycétine), associé ou non avec la polymyxine B, sont utilisées dans le traitement des otites externes par habitude depuis de nombreuses années.
Or les effets indésirables sur l'oreille interne de ces médicaments, administrés par voie générale, sont connus aussi depuis longtemps. Leur toxicité sur l'oreille s'exerce aussi quand ils sont administrés dans le conduit auditif externe si le tympan est perforé.
Des séries d'observations et des bilans d'agences du médicament ont ainsi décrit des toxicités sur l'oreille interne, avec des séquelles définitives, imputées à l'administration de gouttes auriculaires à base de gentamicine ou de néomycine et polymyxine B en présence d'un tympan perforé ou d'aérateurs transtympaniques. La surdité survient le plus souvent de manière progressive sur 6 mois à 10 mois, mais parfois brutalement. Les troubles continuent parfois à s'aggraver après l'arrêt du médicament.
L'intégrité du tympan avant traitement, et a fortiori en cours de traitement est souvent incertaine. Des gouttes auriculaires contenant un antibiotique aminoside exposent alors à une atteinte de l'oreille interne.
D'autres antibiotiques auriculaires tels que l'ofloxacine (Oflocet° ou autre), voire la rifamycine (Otofa°), adaptés en cas d'otite externe, ne sont pas connus pour exposer à ce risque de toxicité locale. Ils sont donc un traitement antibiotique local de choix de ces otites externes.
©Prescrire 1er février 2019
"Gouttes auriculaires contenant un antibiotique aminoside : attention à l'ototoxicité" Rev Prescrire 2019 ; 39 (424) : 111-112. (pdf, réservé aux abonnés)
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