La résistance croissante des bactéries aux antibiotiques devient une menace majeure de santé publique au niveau mondial, avec déjà des centaines de milliers de morts à déplorer chaque année, et des millions prévisibles. Pourtant, les firmes pharmaceutiques abandonnent progressivement la recherche d'antibiotiques, alors que de nouveaux antibiotiques seraient nécessaires.
De nombreux plans et aides ont été promis ou mis en œuvre au niveau international pour encourager la recherche des firmes dans ce domaine, sans grand effet. Parmi les derniers abandons d'importance, on note celui de la firme Sanofi, un acteur historique majeur dans le domaine des antibiotiques, qui a cédé cette activité à une petite firme allemande. Et celui de Novartis, autre acteur majeur, dont les dirigeants préfèrent consacrer leurs investissements aux traitements plus lucratifs des cancers et des maladies rares.
Les antibiotiques ne représentent plus un marché assez profitable pour les grandes firmes pharmaceutiques, qui préfèrent les niches que représentent les cancers et les maladies rares, grâce à des traitements prolongés à des prix exorbitants. Cette évolution souligne que les firmes pharmaceutiques n'ont pas pour objectif premier de répondre aux besoins de santé publique, et que les règles du marché ne fonctionnent pas pour satisfaire cet objectif.
Les autorités politiques ont une lourde responsabilité dans cette évolution, car leurs décisions économiques ont laissé se développer un modèle d'affaires spéculatif, dont les conséquences néfastes étaient prévisibles. Ces autorités ont aujourd'hui la responsabilité de trouver les règles qui inciteront le système de recherche et développement des médicaments à répondre aux besoins de santé publique. Développer de nouveaux antibiotiques efficaces et abordables est une priorité.
©Prescrire 1er janvier 2019
"Antibiotiques : les firmes désertent" Rev Prescrire 2019 ; 39 (423) : 56. (pdf, accès libre)
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