Les inégalités socio-économiques ont un impact sur la santé des personnes. En 2012, deux étudiantes ont mené une enquête auprès de 250 internes en médecine générale de Marseille sur les inégalités de santé. Cette enquête a montré que les étudiants avaient une conscience partielle des inégalités sociales de santé. Ils surestimaient par exemple le rôle des comportements individuels par rapport aux déterminants structurels, pour expliquer les différences d'état de santé des patients. Les internes interrogés connaissaient mal les dispositifs d'accès aux soins. Deux tiers des internes avaient des préjugés négatifs à l'encontre des patients bénéficiaires de la CMU (couverture médicale universelle) : comportement irrespectueux, exigence particulière, consommation excessive de médicaments, fraudes plus importantes. Moins les internes interrogés avaient de connaissances sur les inégalités sociales de santé et l'accès aux soins, et plus ils apparaissaient avoir des préjugés négatifs sur les personnes en situation de précarité.
Les auteurs concluent au besoin de former les soignants dans ces domaines. Elles rejoignent en cela une demande de médecins généralistes de Meurthe-et-Moselle interrogés dans le cadre d'une autre enquête portant sur environ 400 médecins. Plus de la moitié de ces médecins ont rapporté des représentations négatives ou des difficultés dans la prise en charge des patients en situation de précarité. Les deux tiers des médecins se sont déclarés en faveur d'une formation spécialisée dans le cursus initial et en formation continue.
Les professionnels de santé ont un rôle à exercer pour atténuer les effets des inégalités sociales de santé. S'ils ne sont pas préparés à assumer ce rôle, ils risquent fort de faire partie du problème d'accès aux soins des plus démunis.
©Prescrire 1er juin 2014
"Patients et précarité : un besoin de formation des soignants" Rev Prescrire 2014 ; 34 (368) : 455. (pdf, accès libre)